La divinisation de l'homme
« Pourquoi Dieu s'est-il fait homme ? »
Les Pères de l’Église répondent de manière unanime :
« Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu. »
La dÉification de l’homme est une doctrine rigoureusement biblique se trouvant au cœur même de la foi chrétienne au même titre que la doctrine du salut de l’homme en Jésus-Christ. En effet, il est très important de savoir que la raison principale de l'Incarnation est la déification de l’homme. Cependant, la Rédemption est absolument nécessaire pour accéder à cette déification qui lui est intimement liée. Ainsi par le Sang de sa Croix, le Christ répare les blessures du péché originel, guérit la nature humaine et libère l’homme de la servitude du péché en vue de son assomption dans la Gloire dÉifiante.
Ainsi donc, la doctrine de la déification de l’homme est un thème parmi les plus particuliers de la Révélation biblique et de l'enseignement des Pères de l'Eglise sur le salut car la déification est le plus éminent des dons que Dieu ait fait à l'homme puisqu’elle est la vocation finale de son existence ici-bas ! C’est l’ultime destinée de l’être humain incorporé au Christ.
Certes, la divinisation ne s'accomplit, ne se parachève parfaitement et complètement qu’à la fin des temps : « Bien-aimés, DÈS MAINTENANT, NOUS SOMMES enfants (fils et filles) de Dieu, et ce que nous serons N’A PAS ENCORE ÉTÉ MANIFESTÉ. Cependant, nous savons ceci : quand le Christ paraîtra, nous deviendrons SEMBLABLES À LUI, parce que nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jean 3, 2). Lorsque l’apôtre Jean dit « ce que nous serons n’a pas encore été manifesté » cela se rapporte sans conteste à la déification future, donc intégrale, entière et parfaite, de tous ceux qui sont nés de Dieu : « A tous ceux qui l’ont accueilli [le Verbe de Dieu, le Christ] il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. » (Jean 1, 12-13). Ainsi donc, dès à présent notre divinisation est en train de se réaliser, de se produire, par l’action du Saint-Esprit en nous.
Et il est évident que la divinisation ne peut être éprouvée que par ceux et celles qui sont nés de Dieu c’est-à-dire par ceux et celles qui sont passés par la Nouvelle Naissance et le baptême.
En effet, la divinisation commence par la nouvelle naissance qui doit se réaliser nécessairement et forcément dès ici-bas, car sans elle dit le Christ, personne ne peut ni entrer ni voir le Royaume de Dieu : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître de nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu… je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas, si je t’ai dit : IL VOUS FAUT NAÎTRE À NOUVEAU. » (Jean 3, 3-7)
Il ne s'agit pas d'une affirmation philosophique, mais d’une certitude christologique. Le Verbe Divin accomplit la divinisation en la nature humaine qu'Il a assumée, c'est-à-dire de tous les hommes du passé et du futur. Ainsi la divinisation se situant dans le temps le transcende et englobe tous les temps. Dans ce sens christologique saint Maxime le Confesseur peut dire que « puisque notre Seigneur Jésus-Christ est le commencement, le milieu et la fin de tous les siècles passés, présents et futurs, avec raison est arrivé pour nous, par la puissance de la foi, la divinisation des JUSTES ». Nous participons donc dès à présent, dans le temps, à ce qui se situe au delà du temps et qui est intemporel et éternel. D'un certain point de vue, ce qui est donc futur devient pour nous présent.
Et nous-mêmes qui sommes nés de Dieu, qui éprouvons et expérimentons cette divinisation en nous déjà ici-bas, nous ne savons pas exactement comment le Saint-Esprit opère en nous, comment Ses Énergies Divines produisent en nous la divinisation. Nous savons que ces choses se produisent en nous, mais nous ne le savons que d'une manière confuse et imparfaite car : « aujourd’hui, certes, nous ne percevons qu’une image confuse de la Réalité, nous voyons comme dans un miroir et bien des mystères demeurent. » (1 Cor 13, 12). « Mais quand viendra ce qui est parfait, ce qui est partiel disparaîtra. » (1 Cor 13, 10).
La doctrine chrétienne de la divinisation ou déification se trouve déjà dans l'Ancien Testament. En effet, en Genèse 1,26 il nous est dit : « Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance » et un peu plus loin en Gen 2, 7, il nous est exposé la création de cet « être vivant » qu'est l’homme. En effet, ce passage des Écritures nous indique que Dieu « insuffle » une « haleine de vie » dans les « narines » de l'homme. Si à la différence des animaux, l’homme est créé à l'image de Dieu et selon Sa ressemblance, ce n’est pas en tant qu’« être vivant », mais c’est dans la mesure où de la « bouche » même de Dieu est issu un Souffle Vital Divin qui vient demeurer en l'intime de l’homme pour rendre ce dernier capable de participer À la vie MÊME de Dieu. Ainsi donc, le plus haut degré dans la ressemblance à Dieu, est la divinisation. Certes, les animaux aussi reçoivent une « haleine de vie », qui fait d'eux des êtres vivants. Mais dans la création, ce qui fait de l’homme un « être vivant » absolument à part, c'est qu'en lui la « Rouah », « le souffle », « l’esprit » de Dieu peut venir demeurer.
Comme il vient d’être dit, la doctrine chrétienne de la divinisation apparaît dans la continuité de l'enseignement de l’Ancien Testament, elle possède donc un fondement scripturaire. En effet, cette continuité se manifeste de façon très claire en Jean 10, 34 où la formule du psaume 82, 6 est reprise par le Christ : « J'ai dit : vous Êtes des dieux. » Le même psaume en son premier verset proclame : « Dans l’assemblée divine, Dieu préside, au milieu des dieux il juge. » À ces formules fait écho le célèbre passage d'Aratos (poète grec du 3ème siècle av. J.-C.) cité dans les Actes par l'apôtre Paul lui-même à l’Aréopage : « C’est ce qu’ont dit aussi quelques-uns de vos poètes : De lui (Dieu) nous sommes la race… Ainsi donc, Étant la race de Dieu… » (Actes 17, 28-29). Et en Éphésiens 1, 18, l’apôtre parle également de la déification lorsqu’il écrit : « que Dieu ouvre votre cœur à Sa Lumière, pour que vous sachiez quelle espérance vous donne son appel, quelle est la richesse de sa gloire, de l'hÉritage qu'il vous fait partager avec les saints. »
Une autre affirmation essentielle est celle de l'apôtre Pierre : « En effet, la puissance divine nous a fait don de tout ce qui est nécessaire à la vie et à la piété en nous faisant connaître celui qui nous a appelés par sa propre Gloire et sa Force agissante. Par elles, les biens du plus haut prix qui nous avaient été promis nous ont été accordés, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine » (2 Pi 1, 4).
Notons ici que chez les Pères de l’Église d’Orient la notion de la "Grâce" s'identifie avec l'idée de participation à la Vie Divine. L'homme devient communiant à la Nature Divine et est réellement déifié. Cyrille d'Alexandrie précise que c'est le Saint-Esprit qui assure la divinisation et la filiation divine de l'homme : « c'est Lui qui nous fait passer à un autre état. C'est Lui qui par la sanctification et la justice, introduit en nous une certaine conformation divine… parce que le Verbe de Dieu habite en nous par l'Esprit, nous sommes élevés à la dignité de l’adoption divine, ayant en nous le Fils Lui-Même auquel nous sommes rendus conformes par la participation de Son Esprit ». « conforme » : c’est-à-dire dont la forme est semblable !
La Grâce n'est jamais un don créé, mais une communion à la Vie Divine. En S'imprimant en nous tel un sceau, le Saint-Esprit opère une profonde transformation, transfigure notre nature au point de la rendre semblable à la Nature Incréée de Dieu. Cyrille dit encore : « c'est par Lui-Même que l'Esprit agit en nous, nous déifiant vraiment, nous unissant à Lui par le contact avec Lui, et nous rendant communiants de la Nature Divine. Le Saint-Esprit S'imprime, comme dans la cire, dans le cœur de ceux qui Le reçoivent, à la façon d'un sceau, invisiblement. C'est le Saint-Esprit qui imprime en nous l'image de Dieu. S'il n'était qu'un simple dispensateur de la grâce, nous ne recevrions que l'image de la grâce et non l'image de Dieu. Mais il est Lui-Même le Sceau qui grave en nous l'image de Dieu, nous faisant participants de la Nature Divine. »
C'est un sceau vivant, ajoute saint Basile : « Dieu nous moule en dehors et au dedans, pénètre jusqu'au plus intime de notre âme et, de la sorte, nous TRANSFORME [c’est-à-dire qu’Il nous métamorphose, et fait passer notre être de sa forme naturelle à la Sienne par l’effet de cette métamorphose] et fait de nous de Vivantes Images de Dieu. Avec le Sceau Divin nous recevons l'onction du même Esprit, et dès lors nous avons le gage vivant de l'héritage céleste [comme dit l’Ecriture] : « Celui qui nous a oints, c'est Dieu, lequel nous a aussi marqués d'un sceau et nous a donné, à titre d'arrhes, le Saint-Esprit dans nos cœurs » (2 Cor. 1, 22). »
Cette transformation est la métamorphose de notre être en celui de Dieu
par les effets de la divinisation… par la participation à Sa Nature Divine
(cf. 2 Pierre 1, 4)
Le chrétien fait ainsi partie d'une race d'hommes nouvelle et céleste, d'une lignée divine : divinum genus (Race Divine). C'est un homme dÉifiÉ, fils de Dieu le Père, incorporé au Verbe incarné, animé du Saint-Esprit. Sa vie doit être celle d'un citoyen du ciel. « Si Dieu s'est humilié jusqu'à se faire homme, dit saint Augustin, ce fut pour exalter les hommes jusqu'à en faire des dieux. »
En Christ l'homme retrouve sa destinée première, réadapte son existence au Modèle Divin, redécouvre la liberté véritable que l'esclavage de Satan lui a fait perdre et use de cette liberté, avec la collaboration du Saint-Esprit, pour aimer et connaître Dieu. Il peut alors, par anticipation, participer au Royaume dont le Christ a dit qu'il est au dedans de nous, et connaître par expérience ce qu'est la Lumière Divine. Sur ce point voici un passage caractéristique de l’Homélie macarienne :
« De même que le soleil est tout semblable à lui-même, n'ayant aucune infériorité, mais tout entier resplendit de lumière, est tout lumière et semblable en toutes ses parties, ou comme, dans le feu, la lumière du feu est toute semblable à elle-même, n'ayant rien de primaire ou de secondaire, de plus grand ou de plus petit, ainsi l'âme qui a été pleinement illuminée par l'ineffable beauté de la Gloire de la Lumière de la Face du Christ et remplie du Saint-Esprit, digne de devenir la demeure et le temple de Dieu, est tout œil, toute lumière, tout visage, toute gloire et tout esprit, le Christ l'ornant de la sorte, la portant, la dirigeant, la soutenant et la conduisant et de la sorte l'illuminant et l’enrichissant de la beauté spirituelle. »
Nous avons ici une description de la déification que la tradition patristique de l'Orient considère comme le but final de la vie spirituelle. En fait, l'union à Dieu et la vision lumineuse dont parlent les Pères est une rÉalité À la fois pleinement objective, pleinement consciente et pleinement personnelle. La déification est, précisément, cette participation libre et consciente à la Vie Divine, propre à l'homme de foi. C'est ainsi que l'union à Dieu, dont parlent les Pères, ne se résout jamais en une désintégration de la personne humaine dans l'Infini Divin (comme c’est le cas par exemple dans le bouddhisme) : elle est au contraire l'accomplissement de sa destinée libre et personnelle.
De là, également, l'insistance dans la Parole de Dieu sur la nécessité fondamentale, et pendant qu’il est encore temps, de passer dès ici-bas par la Nouvelle Naissance : « Il faut que vous naissiez de nouveau. » Car « si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir [NI ENTRER] dans le Royaume de Dieu. (cf. Jean 3, 3 &7). Et « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle crÉature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. Et tout cela vient de Dieu » (2 Corinthiens 5, 17 & 18). La conséquence en est la dÉification de l'homme tout entier.
Notons que dans la pensée patristique et biblique bien entendu, la foi est le fondement de la vie spirituelle et est nécessaire au salut et à la déification, car : « sans la foi, il est impossible d’être agréable à Dieu, car celui qui s’approche de Dieu doit croire qu’IL EST et qu’IL récompense ceux qui LE cherchent. » (Hébreux 11, 6).
La déification de l’homme : humainement impossible !
Toutefois dit Jésus-Christ :
« Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. »
(Luc 18, 27)
Jésus avait dit au notable riche (lire Luc 18, 18-25) : « Vends tout ce que tu as... puis viens et suis-Moi. » (V.22). Ce notable, qui pourtant avait observé durant toute sa jeunesse les commandements de Dieu (V.21), s’en alla tout triste car il était très riche (V.23), et refusa l’invitation du Christ à le suivre. Jésus se tourna vers ses disciples et leur dit : « Qu’il est difficile à ceux qui ont des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! ».
Beaucoup de chrétiens ont en eux une grande quantité de choses sûrement louables, cependant elles les empêchent de suivre parfaitement le Christ là où Il veut les conduire : à la connaissance toujours plus profonde de Lui-Même et à la dÉification ! Ces chrétiens, certainement pieux, se sont exagérément attachés à leurs « richesses » : famille, travail, réputation, carrière, œuvres chrétiennes et quantité d’autres choses louables de ce genre. Ils s’y sont installés et leur but personnel étant atteint, leur état présent leur suffit amplement.
D’autres chrétiens ont appris cette leçon : « C’est impossible À l’homme », cependant malgré leur désir de suivre le Christ, ils se sont quelque peu démoralisés et se sont résignés à vivre une vie chrétienne, certes très honorable, mais spirituellement parlant en deçà de la véritable nouvelle nature divine en eux. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas cru réellement par la foi à la Parole de Dieu concernant le sujet bien précis qui nous occupe, c’est-à-dire la déification, et pour d’autres, parce qu’ils ne se sont pas faits assez petits et humbles pour apprendre cette autre leçon: « Tout est possible À Dieu. » « Or sans la foi il est impossible de Lui plaire. » (Hb 11, 6) ; et « voilà pourquoi l’Écriture dit : Dieu résiste aux orgueilleux, mais se montre favorable aux humbles. » (Jc 4, 6).
Les uns donc pensent que comme « C’est impossible À l’homme », par manque de foi solide, ils se disent que cela ne vaut pas la peine d’aller plus loin ; les autres, se croyant puissants et forts ne croient pas que « Tout est possible À Dieu » et donc agissent orgueilleusement par eux-mêmes. Cependant, se rendant vite compte qu’ils n’y arrivent pas ils abandonnent aussitôt la marche dans l’Esprit.
Mais certains, humbles, « petits » et conscients de leurs propres faiblesses, ont parfaitement cru par la foi que « ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. » ; ils ont la foi en cette Parole Divine et y croient de tout leur cœur ; ils veulent et désirent vivement marcher par l’Esprit de Dieu sur la Voie étroite… vers la déification. Cependant, étant donné qu’il leur arrive de chuter en certaines mauvaises habitudes de la chair, l’Accusateur de nos âmes (le Démon) leur suggère de renoncer à cette Voie étroite et il arrive que certains soient ainsi stoppés NET sur leur lancée, ils en accusent le coup certes, mais ces derniers, savent et sont certains que Dieu ne les délaissera et ne les abandonnera JAMAIS ! Car ils ont aussi appris que la Miséricorde infinie de Dieu les relevait constamment et qu’ils pouvaient toujours compter sans aucun doute en son PARDON puisqu’il est dit par Dieu le Fils Lui-même ce que nous devions faire entre frères au sujet du pardon : « Je ne te dis pas [de pardonner ton frère] jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante–dix fois sept fois. » (Cf Matthieu 18, 21-22). Si l’homme doit pardonner son frère dans la même journée, et pour le même péché, 490 fois, à combien plus forte raison Dieu fera-t-il bien PLUS ! Ainsi donc, malgré leurs chutes, ces chrétiens-là, parce qu’ils sont humbles et « petits », parce qu’ils ont une foi inébranlable et parce qu’ils sont conscients de leurs faiblesses, savent que Dieu ne les abandonne pas !
Et en effet, Dieu ne laissera pas dans la résignation et l’accablement ses enfants qui veulent pourtant essayer de Le suivre sincèrement mais qui manque de courage spirituel en tombant fréquemment dans les mauvaises habitudes de la chair. Il les aime trop pour les laisser dans la défaite. N’est-il pas écrit : « Le roseau froissé, Il ne le brisera pas et la mèche fumante, Il ne l’éteindra pas jusqu’à ce qu’Il ait mené le Droit au triomphe » (Is 42, 3 & Mt 12, 20) ? Ainsi donc, remettons avec une joyeuse confiance nos âmes à un si tendre et fidèle Ami. Loin de le briser, Il fortifiera le roseau meurtri ; loin d’éteindre la mèche qui fume encore, Il soufflera plutôt doucement dessus pour en ranimer la flamme. Et tandis que nous sommes encouragés par la gentillesse gracieuse de Notre Père Céleste Bien-aimé, son Esprit nous ranimera de sa Flamme !
« Quel ami fidèle et tendre, nous avons en Jésus-Christ, toujours prêt à nous entendre, à répondre à notre cri. Il connaît nos défaillances, nos chutes de chaque jour, sévère en ses exigences, Il est riche en son amour. Disons-lui toutes nos craintes, ouvrons-lui tout notre cœur. Toujours prêt à nous défendre, quand nous presse l'ennemi. Il nous suit dans la mêlée, nous entoure de ses bras, et c'est lui qui tient l'épée, qui décide les combats. Toujours prêt à nous apprendre, à vaincre en comptant sur lui. S'il nous voit vrais et sincères à chercher la sainteté, Il écoute nos prières et nous met en liberté. Bientôt il viendra nous prendre pour le rejoindre au ciel. Suivons donc l'étroite voie, en comptant sur son secours. Bientôt nous aurons la joie de vivre avec lui toujours. » (Extrait d’un chant chrétien)
Mais Dieu est tenace et patient, un jour est comme mille ans et mille ans sont à ses yeux comme un jour, Il a tout le temps ! Et ce qu’Il a résolu pour ses enfants de toute éternité, c’est-à-dire notre déification, Il le fera soyons-en certains, même s’Il doit pour cela nous relever de nos chutes durant toute notre vie ! Il nous montrera patiemment et délicatement ce qui bloque notre marche dans l’Esprit, ce que nous devons impérativement laisser tomber non pas par nos propres forces humaines, mais par l’Action LIBRE du Saint-Esprit en nous. Notre Tendre Père Céleste le fera durer jusqu’à ce que nous voyions par les yeux de la foi que « tout est possible à Dieu ». C’est pour cela qu’Il permet que nous soient servis les mêmes « plats » issus de notre propre volonté, de nos chutes et de nos incompréhensions jusqu’à ce que nous en soyons gavés jusqu’à la nausée et qu’enfin nous nous abandonnions totalement à Lui et comprenions que même dans ce cas-là « tout est possible À Dieu » et que c’est Lui seul qui doit agir, qui doit opérer et prendre toutes les initiatives car la divinisation de l’homme est une initiative uniquement divine qui « est impossible aux hommes ».
Dieu nous a appelés à vivre une Vie Divine humainement impossible ! Notre vie chrétienne de chaque jour doit être une preuve que Dieu peut accomplir ce qui est impossible à l’homme ; notre vie chrétienne doit être une succession d’impossibilités rendues possibles par la Puissance de Dieu. Le chrétien doit impérativement en être conscient. Le chrétien possède un Dieu Tout-Puissant qu’il adore, et il doit apprendre et comprendre ceci : Ce dont j’ai besoin, ce n’est ni l’aide de Dieu ni une petite partie de la puissance divine, mais j’ai besoin de la Puissance de Dieu tout entière, afin de vivre comme un vrai fils et une vraie fille de Dieu, comme un autre Christ, comme son propre enfant ! Et cette Toute-Puissance Divine est en nous ! Elle est là ! Nous devons la laisser agir librement : « Il faut qu’Il croisse et que je diminue » (Jn 3, 30).
Soyons attentifs à ceci : « Que le Dieu de Notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de Gloire, vous donne un esprit de sagesse et de révélation, dans sa connaissance, et qu’il illumine les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle est l’espérance qui s’attache à son appel, quelle est la richesse de la gloire de son héritage qu’il réserve aux saints (nous tous, enfants de Dieu) et quelle est, envers nous qui croyons, l’infinie grandeur de Sa Puissance se manifestant avec efficacité par la vertu de Sa Force. » (Éphésiens 1, 17-19).
Où donc cette « Infinie Grandeur de Sa Puissance » se manifeste-t-elle « avec efficacité par la Vertu de Sa Force » sinon en nous ! Laissons-la donc agir librement. Dieu est en train de nous déifier, nous diviniser, pas moins que cela ! C’est cela aussi, surtout et principalement, le salut de l’homme : sa dÉification. Et ce que Dieu veut, Il l’obtient toujours car Sa Volonté s’accomplit toujours ! « Que Ta volonté soit faite sur la terre (donc dans ma vie d’ici-bas) comme au ciel ». Et comme nous avons répété cette prière des milliers de fois, croyez-moi, Dieu nous a déjà exaucés dès la première fois que nous lui avons fait cette prière, car elle est selon Sa Volonté !
Notre déification ne se réalise que par la sanctification car sans elle nul ne verra le Seigneur (Héb. 12, 14). Être sanctifié signifie être mis à part pour Dieu. La sanctification est le fruit de la libération de la vieille nature et de l'abandon du vieil homme, ce qui n'est possible que par le sacrifice expiatoire de Jésus-Christ.
Or, le mot « sanctification » ne veut pas dire autre chose dans sa signification profonde que « déification » ou « divinisation ». En effet, saint Augustin, qui ne parlait pas le grec, se fait expliquer au Vème siècle les termes qu’il retrouve chez tous les Pères grecs et découvrant la traduction exacte du mot « sanctification » s’exclame : « Je comprends ! Ce que les Père grecs appellent thÉosis-dÉification, ce n’est autre que ce que nous, les latins, nous appelons «sanctification » !
Jésus lui-même a employé dans sa langue le terme « déification », car ce mot existait déjà en hébreu dans la Bible, puisque l’on voit Jésus, comme nous en parlions plus haut, citer ce terme en Jean 10, 34-35 en faisant référence au psaume 86, 2 : « Jésus leur répondit : « N’a-t-il pas été écrit dans votre Loi : J’ai dit : vous Êtes des dieux ? Il arrive donc à la Loi d’appeler dieux ceux auxquels la Parole de Dieu fut adressée. Or nul ne peut abolir l’Écriture. »
Nous sommes donc appelés à devenir des dieux par la déification/divinisation/sanctification. Or cela « est IMPOSSIBLE À l’homme » ! C’est une création nouvelle que Dieu opère en nous, mais avec notre participation… Ainsi donc, si nous y consentons, La Volonté de Dieu s’accomplira en nous infailliblement parce qu’IL le veut : « Vous serez saints, car Je Suis Saint, Moi, le Seigneur, votre Dieu. Vous serez saints pour Moi car Je Suis Saint, Moi, le Seigneur ; et Je vous ai séparés des peuples, afin que vous soyez à Moi. » (Lévitique 19, 2 ; 20, 26).
C’est Dieu Lui-Même qui accomplit et réalise Sa Sainteté en nous par « l’Infinie Grandeur de Sa Puissance, se manifestant avec efficacité par la vertu de Sa Force. »
Le Christianisme vÉritable et tout entier
est uniquement l’œuvre de la Toute-Puissance divine.
Considérons la naissance du Christ : ce fut un miracle accompli par la Puissance Divine. L’ange dit à Marie : « La Puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu... Car rien n’est impossible à Dieu. » (Luc 1, 35,37).
Considérons maintenant la résurrection du Christ. La Parole de Dieu nous enseigne que c’est par la même infinie grandeur de Sa Puissance que Dieu a ressuscité Christ d’entre les morts : « l’infinie grandeur de sa puissance, se manifestant avec efficacité par la vertu de sa force, Il l’a déployée en Christ, en le ressuscitant des morts… » (Éphésiens 1, 19,20).
Dans chaque âme où le Véritable Christianisme s’épanouit, c’est uniquement par l’action libre de la Toute-Puissance de Dieu qu’il s’épanouit. Toutes les possibilités d’une vie chrétienne plus haute ont pour origine une nouvelle perception par la foi de la Puissance du Christ-Dieu qui peut, et qui surtout, veut, accomplir en nous toute La Volonté de Son Père. Et ce que Dieu VEUT, Il l’obtient infailliblement ! « Vous SEREZ saints, car Je Suis Saint » (1 Pierre 1, 16).
Adorons notre Dieu Tout-Puissant ! Apprenons à le faire ! Apprenons à vivre dans une telle communion avec un Dieu Tout-Puissant, sachant que Sa Toute-Puissance agit en nous ! L’apôtre Paul dit : « Moi-même, j’étais auprès de vous dans un état de faiblesse, de crainte et de grand tremblement ; et ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais elles étaient une démonstration faite par la puissance de l’Esprit, afin que votre foi ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes, mais sur la Puissance de Dieu.» (1 Co. 2, 3-5).
Du côté humain régnait la faiblesse, mais du côté divin régnait la Puissance Divine. Ceci est vrai de toute vie véritablement chrétienne. Et si nous apprenions mieux cette leçon, « tout est possible À Dieu », si nous donnions à Dieu tout notre cœur et toute notre vie, nous connaîtrions quelle bénédiction il y a à vivre chaque jour et à chaque instant en compagnie d’un Dieu Tout-Puissant qui peut tout en nous.
Ouvrons une parenthèse :
Comme deux gouttes d’eau se ressemblent,
le véritable évangile et l’évangile dénaturé se ressemblent également,
mais un seul petit détail fait toute la différence entre les deux !
L’Ennemi de nos âmes fera tout pour qu’un autre évangile nous soit présenté, un évangile à l’eau de rose, un évangile frelaté, un évangile autre que celui que nous avons reçu de Dieu au commencement ; Satan fera tout pour que nous ne laissions pas agir librement la toute puissance de Dieu dans nos vies attesté par le Véritable Évangile. L’Ennemi est passé maître dans l’art de se déguiser en ange de lumière, faisant passer ce qui est faux pour vrai et ce qui est vrai pour faux. C’est pour cela qu’il existe des « évangiles » à la mesure de l’homme charnel. « Mais si quelqu’un, même nous ou un ange du ciel, vous annonçait un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! » (Galates 1, 8).
C’est donc sans appel pour tous les corrupteurs de l’Évangile de Jésus-Christ ! Aujourd’hui l’Enseignement du Christ est, au plus haut point, dénaturé, frelaté et vidé de sa substance par un nombre incroyable de corrupteurs soi-disant chrétiens ! Corrupteurs qui ne croient plus (ont-ils déjà cru ?) en la Divinité du Christ ni en sa Résurrection, et par conséquent, ne croient plus ni en sa Glorification, ni en sa Toute-Puissance, ni même en la Présence Réelle du Christ dans l’Eucharistie !!! Comment donc pourraient-ils dès lors nous enseigner la Toute-Puissance Divine du Christ-Dieu agissant en nous s’ils n’y croient pas eux-mêmes ?!
En effet, ils en sont arrivés à « psychologiser » et rationaliser tous les Mystères Chrétiens ! Ces gens-là ont l’apparence de la piété mais ils en renient ce qui fait sa force (2 Timothée 3, 5). Ils ont vidé l’Évangile de Jésus-Christ de sa Substance tout en gardant la forme, une coquille vide ! Ils ressemblent incontestablement aux Saducéens du temps de Jésus qui étaient eux aussi des «croyants» rationalistes et sceptiques. Notre Seigneur dit et redit à ces corrupteurs « saducéens » modernes : « Vous êtes grandement dans l’erreur ! » (Mc 17, 27) et Jean le Baptiste les définit comme étant une « race de vipères » (Mt 3, 7).
Nous n’avons pas à écouter les « évangiles » de ces corrupteurs, mais à être à l’écoute de la Parole de Dieu : « Mes frères, dit Jésus, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique. » (Lc 8, 21). Notre Seigneur pourrait dire aujourd’hui : «Mes frères ce ne sont très certainement pas ceux qui mettent Mes Paroles en doute, la dénaturent, la tordent et lui font dire tout et n’importe quoi sauf la vérité », et, dira l’apôtre Pierre au sujet des écrits de l’apôtre Paul, « il s’y trouve des passages difficiles dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme ils le font aussi des autres Écritures pour leur perdition. » (2 Pierre 3, 16). Voilà la fin de ces corrupteurs… la perdition éternelle!
(Fermons cette parenthèse)
Nous savons très bien que c’est la Puissance de Dieu qui a créé le monde, qui a fait surgir la lumière des ténèbres, et qui a créé l’homme. Mais comment percevons-nous l’action de la Puissance Divine dans l’œuvre de la Rédemption, et par voie de conséquence, de la Déification ? Regardez Abraham. Quand Dieu l’appelle à être le père du peuple d’où le Christ devait naître, Dieu lui dit : « Je suis le Tout-Puissant. Marche devant ma face et sois intègre. » (Ge. 1, 17). Et Dieu enseigne à Abraham à croire en Lui comme en Celui qui peut tout.
Quand Abraham quitta sa patrie pour aller dans un pays qu’il ne connaissait pas, quand il fut un pèlerin parmi les milliers de Cananéens dans le pays que Dieu avait promis de donner à sa postérité, quand espérant contre toute espérance, il attendit pendant plus de vingt ans la naissance du fils que Dieu lui avait promis et quand il monta sur la montagne de Morija pour offrir à Dieu son fils unique, dans toutes ces circonstances, Abraham crut en Dieu. Il était fort par la foi, parce qu’il croyait que Dieu était capable d’accomplir ce qu’il avait promis. La foi c’est être sûr et certain que ce que Dieu dit est vrai, être sûr et certain de la Vérité et cette Vérité c’est la Parole de Dieu, les Saintes Écritures !
Nous devons donc à l’instar d’Abraham, notre père dans la foi, nous appuyer sur les promesses de Dieu comme il le fit, car tout disciple du Christ doit le faire pour avancer sur ce chemin étroit mais très sûr de la déification. L’Esprit Saint œuvre lorsqu’il y a confiance et dépendance totale du croyant à son égard et Il agira glorieusement car c’est Dieu le Fils qu’Il veut former en nous ! C’est de l’ordre du surnaturel divin : « La puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. » Nous avons par la Toute-Puissance Divine à enfanter le Christ en nous ! Et nous sommes tous d’accord pour affirmer que, comme il fut impossible à Marie d’engendrer par Elle-même le Fils de Dieu, de même il nous est impossible de réaliser par nous-mêmes le Christ en nous. Cependant, Dieu ne pourra le réaliser totalement en nous qu’à la condition que, comme Marie, nous lui donnions notre « fiat », notre consentement : « qu’il me soit fait selon TA PAROLE ! » Car sans notre consentement la liberté que Dieu nous a octroyée ne serait qu’un leurre, qu’une farce, nous ne serions que des marionnettes entre ses mains.
Or, il n’en est pas ainsi, nous ne sommes pas des marionnettes, nous sommes des femmes et des hommes libres en Christ. Dans une union parfaite entre deux êtres, les deux sont parfaitement un, libres et d’accord ; ils sont parfaitement en harmonie de pensées et de sentiments. Il en est exactement ainsi de la relation entre notre Divin Époux et chacun d’entre nous qui sommes nés, engendrés de Dieu. Christ a une Épouse, Son Église et c’est ce que nous sommes. Et cette Épouse : « Il a voulu se la présenter à Lui-Même splendide, immaculée, sans tache, ni ride, ni aucun défaut ; il a voulu son Église sainte et irréprochable. » (Éphésiens 5, 27). Comme l’apôtre Paul l’écrit ici, le Saint-Esprit est donc en train de nous transformer de cette façon nous tous qui sommes nés de Dieu ! Et « Cela est impossible aux hommes mais À Dieu tout est possible. »
C’est là ce que nous avons besoin de comprendre si nous voulons arriver à la stature parfaite du Christ : « à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ » (Éphé 4, 13). Dieu est en train de nous DÉIFIER, nous sommes dans le processus divin de la divinisation : « Dieu nous a prédestinés à être conformes à l'image de Son Fils. » (Rm 8, 29). Dès lors, quelle autre voie pourrions-nous suivre plus sûrement pour atteindre Dieu que celle qu'il nous a Lui-Même tracée par les enseignements de Sa Parole et par les exemples de sa vie ? Voie certes étroite, mais voie Royale !
Il est la Vérité et la Vie ; il est la Lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde et quiconque marche sur ses pas est assuré de ne pas trébucher dans les ténèbres. « Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ » écrit saint Paul aux Romains (13, 14) ; « c'est en lui, dit-il encore, que Dieu nous a élus dès avant la création du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables devant lui, nous ayant dans son amour prédestinés à être ses fils adoptifs par Jésus-Christ » (Éphé 1, 4‑5).
« Dans le mystère du Dieu fait homme, dira Saint Augustin, il y a quelque chose pour ton infirmité, mais autre chose pour ta perfection : que le Christ t'élève par ce qui le fait homme ; qu'il te guide par ce qui le fait homme-Dieu ; qu'il te conduise à ce qui le fait Dieu. » Là réside tout le secret de notre DÉIFICATION. Dans la conformité de notre être intégral à l'image du Fils est renfermée toute la perfection de notre vie surnaturelle.
Ce qui a été dit par l’ange quant à l’Incarnation du Fils de Dieu dans le sein de Marie, bénie soit-Elle, notre ange gardien nous le dit de même : « La puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu... Car rien n’est impossible à Dieu. » Le Christ doit naître en nous ! Il doit se développer « jusqu’à ce que Christ soit formÉ tout entier en vous » (Gal 4, 19). C’est la substance de la révélation chrétienne, c’est le MESSAGE du vÉritable Évangile !
Bien que la déification de l’homme fasse partie de la Révélation divine et soit une doctrine biblique, elle demeure néanmoins ignorée de la plupart des Chrétiens. Nous devons donc réapprendre, en purifiant notre entendement spirituel, à écouter plus attentivement ce que nous dit ouvertement le Saint Évangile, ce qu'il proclame à voix haute depuis toujours, ce qu'il crie par-dessus les toits sans se lasser. Le malheur c’est que presque personne aujourd’hui ne semble s’y intéresser !?
Ce Message Divin tient en peu de mots et se résume dans la grâce de la filiation divine pour tous les baptisés dont la foi est vivante. Le Christianisme Véritable ne propose en effet rien d'autre aux êtres humains que de devenir DIEU !!! « Mes bien–aimés, dès à présent nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que, lorsqu’il paraîtra, nous lui serons semblables, puisque nous le verrons tel qu‘il est. » (1 Jn 3, 2).
L’évangile propose à tous les hommes de « naître de Dieu » par incorporation baptismale et eucharistique à Jésus-Christ mort et ressuscité. Voilà ce qu'enseigne saint Jean à chaque page de son Évangile, non pas sous le couvert d'obscures allusions, mais très clairement et très explicitement : « Il faut que vous naissiez de nouveau — d’en Haut » (Jn 3, 7).
Notre qualité de fils et de filles de Dieu a un sens beaucoup plus profond, beaucoup plus extraordinaire que tout ce que nous aurions pu comprendre jusqu’ici. La déification qui s'inaugure par la foi et le baptême, se développe et s'accomplit par l’Eucharistie : car ceux qui mangent le Pain Christique deviennent ce qu'ils reçoivent, ils deviennent le corps du Christ. Ils deviennent le Christ ! « JE VIS, MAIS CE N’EST PLUS MOI QUI VIS, C’EST CHRIST QUI VIT EN MOI. » (Galates 2, 20). Ce Mystère de La Révélation que l’apôtre Paul nous fait découvrir n’est pas une figure de style ou une hyperbole de sa part, mais c’est la réalité de ce que nous sommes devenus EN CHRIST ! Nous sommes devenus d’autres LUI sans que notre nature soit détruite et tout en conservant notre propre personnalité originelle.
Les effets de l'Incarnation ne se limitent donc pas à la restauration de l'état adamique (réparer les blessures du péché originel), mais ils permettent l'instauration de l'être humain dans un état de perfection proprement divin qui transcende de loin le simple accomplissement de l'Adam terrestre. C'est ce qu'énonce cette antique oraison de la messe romaine que le prêtre récite à l'offertoire en versant un peu d'eau dans le vin du calice ; « Dieu, qui avez établi la nature humaine dans une admirable noblesse, et qui l'avez rétablie d'une manière plus admirable encore : donnez-nous, par le Mystère sacramentel de cette eau et de ce vin, d'avoir part à la divinitÉ de CELUI qui a daigné prendre part à notre humanité ». On y discerne les trois étapes du devenir de l’homme : celle de sa création (l'homme primordial), celle de sa rédemption (l'homme sauvé) et celle de son incorporation Eucharistique au Christ (l'homme déifiÉ).
Le Christ, Image Parfaite et Éternelle du Père, apporte aux hommes l'actualité de la divine Ressemblance. Devenir Dieu — pour autant que cette expression ait encore un sens pour l’homme d’aujourd’hui — c'est simplement réaliser la vérité transcendante de la nature humaine façonnée « à l'image de Dieu », c'est devenir ce que nous sommes en Dieu, et dont l'homme primordial lui-même n'était qu'une image. Saint Basile de Césarée dit-il autre chose lorsqu'il affirme : « L'homme est une crÉature qui a reçu l'ordre de devenir Dieu » ?
Pour accéder à sa vraie liberté et à sa vraie dimension spirituelle, le chrétien doit accepter d'être conduit par l’Esprit au-delà de ce qu'il croit présentement et incomplètement ; il doit passer d’une foi infantile à une foi plus élevée, dépasser le voile qui couvre les réalités divines cachées en lui ; il doit vivre et laisser se rÉaliser ce qui est déposé en lui, il doit entrer dans le Saint des Saints qui se trouve en lui, puisqu’il est devenu le temple de Dieu. Le chrétien trouve la Présence même de Dieu en lui !
Le Fils éternel, Jésus-Christ, l’Unique-Engendré du Père (et non créé), en nous disant en Matthieu 5, 48 : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » nous confirme et nous certifie que Dieu Lui-même fera en sorte que nous arrivions à cette perfection par la déification : « vous serez parfaits », c’est donc un ordre divin, Dieu dit et cela est : « afin que vous deveniez ainsi participants de la Nature Divine. » (2 Pierre 1,4) C’est ce qu’on appelle le processus de divinisation par la participation à cette Vie Divine.
Dans les premiers siècles de l'Église, ces idées étaient du domaine courant. L'Écriture, disaient les Pères de l’Église, nous présente le Fils et le Saint-Esprit comme les vivificateurs, les sanctificateurs et les divinisateurs immédiats des âmes qu'ils habitent et auxquelles ils se communiquent, imprimant en elles l'image de Dieu et les rendant participants de la Nature Divine. Or Dieu seul, qui est Vie, Sainteté, Déité par nature, peut, immédiatement et par lui-même, vivifier, sanctifier et déifier les autres.
C'est le Saint-Esprit, dit saint Cyrille d'Alexandrie, qui imprime en nous l'image de Dieu. S'il n'était qu'un simple dispensateur de la grâce, nous ne recevrions que l'image de la grâce et non l'image de Dieu. Mais il est lui-même le sceau qui grave en nous l'image de Dieu, nous faisant participants de la Nature Divine.
C'est un sceau vivant, ajoute saint Basile ; il nous moule en dehors et au dedans, pénètre jusqu'au plus intime de notre âme et, de la sorte, nous réforme et fait de nous de vivantes images de Dieu. Avec le sceau divin nous recevons l'onction du même Esprit, et dès lors nous avons le gage vivant de l'héritage céleste : « Celui qui nous a oints, c'est Dieu, lequel nous a aussi marqués d'un sceau et nous a donné, à titre d'arrhes, le Saint-Esprit dans nos cœurs » (2 Cor., 1, 22).
Baume Divin, l'Esprit-Saint par son onction, nous transforme et nous fait exhaler la bonne odeur du Christ : « Nous sommes la bonne odeur du Christ » (2 Cor. 2, 15). Nous ne recevons pas seulement le parfum du baume, mais la substance divine elle-même.
Feu Divin, il nous pénètre jusqu'au plus intime, sans détruire notre nature, mais la rendant semblable au feu et lui en communiquant toutes les propriétés. (St. Cyrille)
Lumière Divine, il éclaire les âmes, les rend lumineuses et resplendissantes, éclatantes de grâce et de charité, comme de vrais soleils divins. « De même que les corps transparents deviennent eux-mêmes lumineux et rayonnants lorsque la lumière les envahit, de même les âmes qui possèdent le Saint-Esprit sont illuminées par Lui, deviennent elles-mêmes spirituelles et répandent la grâce sur les autres. (St. Basile)
Hôte très doux de nos âmes. « il vient converser familièrement avec nous, nous réjouir de sa présence, nous consoler dans nos travaux, nous encourager dans nos difficultés, nous pousser au bien, nous enrichir de ses dons précieux et de ses fruits. Nous devenons ainsi des temples saints et vivants de Dieu, ses amis, ses égaux en quelque manière, dignes d'être appelés des dieux. Nous sommes appelés dieux parce que non seulement la grâce nous élève à la gloire surnaturelle, mais encore parce que nous avons en nous Dieu qui y habite et y demeure » (St. Cyrille)
Ces étroites et sublimes relations qu'il a plu à Dieu d'établir entre Lui et les hommes ne sont donc pas purement morales, mais très réelles et ontologiques. Leur réalité est plus haute et plus riche que l'on ne pense, au-dessus même de tout ce que l'on peut dire ou penser. Les saints la sentent d'une certaine manière, mais ils ne trouvent pas de formules capables de traduire leurs pensées ; les expressions les plus fortes leur paraissent de pures ombres d'une si sublime réalité ; et cependant ils nous parlent sans cesse de la participation de la Nature Divine, de la transformation en Dieu, de la déification de l'homme.
Animés réellement de l'Esprit de Jésus qui demeure en nous comme dans son temple, vivant par Jésus comme Jésus vit par son Père (Jean, 6, 58), et rendus ainsi participants de la nature même de Dieu, nous sommes vraiment enfants (fils et filles) de Dieu, frères et cohéritiers de Jésus-Christ. Tout en nous vivifiant par la grâce, ce même Esprit d'adoption nous purifie, nous transforme, nous perfectionne, produisant en nous l'œuvre de notre sainteté. Il nous fait ainsi vivre une Vie Divine, il nous déifie, il est, en un mot, « la vie même de notre âme, comme l'âme est la vie du corps », selon l'énergique expression de saint Basile et de saint Augustin, pour ne pas dire de tous les Pères. Pour eux, donc, écrit le P. Froget, « l'Esprit-Saint est le grand don de Dieu, l'hôte intérieur qui, en se donnant lui-même, nous communique en même temps une participation de la Nature Divine, et fait de nous des enfants de Dieu, des êtres divins, des hommes et des femmes spirituels et des saints. Aussi les Pères de l’Eglise se plaisent à le désigner comme l’Esprit sanctificateur, le principe de la vie céleste et divine. Quelques-uns vont même jusqu'à l'appeler la forme de notre sainteté, l'âme de notre âme, le lien qui nous unit au Père et au Fils, celui par qui ces divines Personnes habitent en nous »
Il n'est rien qui puisse donner au chrétien
une plus haute idée de sa grandeur !
« Mon peuple périt faute de connaissance »
(Osée 4, 6).
Malheureusement, comme le remarquait déjà au 17ème siècle Cornelius a Lapide, ces sublimes et consolantes doctrines sont très oubliées : « Il y en a peu qui connaissent le bienfait d'une si haute dignité ; moins encore qui l'apprécient comme ils le méritent. Chacun devrait demeurer, en soi-même, dans la vénération et l'admiration. Les Docteurs et les Prédicateurs devraient expliquer ce mystère au peuple afin que les fidèles sachent qu'ils sont les temples vivants de Dieu, qu’ils portent Dieu dans leur cœur et que par conséquent ils doivent vivre divinement avec Dieu par une conduite digne d'un tel Hôte. »
Cependant, au milieu de l'oubli universel et, pourquoi ne pas le dire ouvertement, des honteux et scandaleux silences de ceux qui devraient nous enseigner en Eglise ces « choses » si merveilleuses et célestes, quelques voix se font malgré tout entendre. Ne serait-ce pas l'annonce d'une renaissance de ces doctrines fondamentales, qui sont l'âme et le souffle encourageant de la vie chrétienne ?! Cette renaissance ne serait-elle pas l’annonce très proche de l'établissement du Royaume de Dieu sur la terre, de cette nouvelle ÈRE MESSIANIQUE?! Ne serions-nous pas aux portes de la Gloire ?
Oui, le temps semble venu où cette doctrine biblique de la déification de l’homme en Christ qui, ne l’oublions pas, tient une place proéminente dans l’enseignement des Apôtres, sera de nouveau enseignée aux fidèles et reprendra sa place centrale comme elle l’avait du temps apostolique. On comprendra enfin que cette union au Divin Sauveur Jésus-Christ présentée sous la figure de l'union du cep de la vigne avec les sarments n'est pas une vaine métaphore, mais une pure réalité... que par la Nouvelle Naissance et le baptême qui suppose LA FOI nous devenons réellement participants de la Vie Divine de Jésus-Christ ; que nous recevons en nous, non pas en figure, mais en réalité le Divin Esprit qui est le Principe de cette Vie et que, sans nous dépouiller de notre personnalité humaine, nous devenons les membres d'un Corps Divin et acquérons, par conséquent, des forces divines.
En effet, ces vérités si vitales et à la fois si consolantes pour la foi, qui donnaient aux premiers chrétiens, vie, force et ardeur, commencent à attirer sérieusement l'attention de beaucoup d’autres chrétiens de par le monde qui connaissent à fond les besoins de notre temps et cherchent un remède efficace à tant de maux qui menacent ou affligent déjà la vie chrétienne.
A cette plaie générale de l'indifférentisme et de l’oubli de cette DOCTRINE de la déification de l’homme, à cette froideur sceptique et ce laisser-aller qui conduisent tant d'âmes à la ruine, et même à la trahison de la Vérité, LE REMÈDE EST DANS LE RÉVEIL DE LA CONSCIENCE ET DU SENTIMENT DES FIDÈLES, afin qu'ils sachent apprécier, sentir et vivre, comme il le faut, cette Vie Divine que Jésus nous a apportée du Ciel.
C'est du sommeil dans lequel se trouvent tant de chrétiens que proviennent la tiédeur de leur vie surnaturelle et le peu d'estime qu'ils en ont, quand ils ne vont pas jusqu'à rougir d'elle ! Nous devenons ainsi objet de répulsion pour les étrangers à notre foi, alors qu'en réalité la vie intime de l'Église est pleine de charmes pour ceux du dedans et d'attraits pour ceux du dehors qui l'observent avec sincérité. Il nous paraît donc extrêmement essentiel, indispensable et urgent de remettre la doctrine si essentielle et trop peu connue de la déification du chrétien à la place qu’elle mérite.
Les chrétiens des premiers siècles de l’Eglise avaient si bien conscience de la vie surnaturelle qu'ils aimaient s'appeler : Théophore, Christophore (Porte-Dieu, Porte-Christ). L’empereur Romain, Trajan, interroge l’évêque saint Ignace d’Antioche condamné à être dévoré par les lions : « Quel est ce Théophore ? — C'est celui qui porte Jésus-Christ dans son cœur. — Alors tu portes Jésus-Christ ? — Sans aucun doute, car il est écrit : Je ferai en eux ma demeure. »
Saint Ignace a profondément, suivant sa coutume, caractérisé cette vie chrétienne comme la vie de Jésus en nous. Jésus est notre vie, non seulement en ce sens qu'il nous a apporté la vie éternelle, mais en ce sens que, demeurant personnellement en nous, « il est en nous principe véritable et indéfectible de vie. Il habite en nous et nous sommes ses temples : il est notre Dieu en nous. »
De là le nom de Théophore qu'Ignace prend pour lui-même et qu'il donne aux Éphésiens ; de là l'union qu'il souhaite aux Églises avec la chair et l'Esprit de Jésus-Christ, avec le Père et Jésus (Mag. I, 2)... Cette intensité de vie chrétienne soulevait au-dessus d'elles-mêmes les âmes des martyrs et des saints. C'est en lisant les épîtres de S. Ignace qu'on en prend la plus juste idée. On connaît sur son amour pour les souffrances et sa soif du martyre les passages classiques de sa Lettre aux Tralliens (IV, 1-2) et surtout aux Romains ; mais son désir d'être réuni à Dieu lui inspire aussi de temps à autre des accents d'un mysticisme passionné : « Mon amour est crucifié, et il n'y a point en moi de feu pour la matière ; mais il y a une Eau Vive et parlante qui me dit Viens au Père ! » (Rom. VII, 2).
Ce que nous sommes, ici et maintenant, nous le sommes en Dieu, en Son Verbe : « En Lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jn 1, 4). Nous sommes l’image consciente et vivante de Dieu, et si nous vivons, ce n’est pas seulement nous qui vivons, mais c’est Lui, le Christ-Dieu, qui vit en nous ! « Je vis, mais ce n‘est plus moi, c’est Christ qui vit en moi.» (Galates 2, 20). Un tel homme sait qu’il n’est pas Dieu, il sait qu’il est le reflet vivant de Dieu, une image réelle de Lui. Voilà ce qu’est l’homme né de Dieu, il est réellement l’essence de Celui qu’il reflète ! Comme la vague de l’océan est de même essence que l’océan lui-même mais n’est pas l’océan, comme le parfum d’une fleur est l’essence de la fleur et non la fleur elle-même, de même l’homme né de Dieu est réellement le parfum de Dieu et non Dieu lui-même. L’homme né de Dieu est réellement d’essence divine !
Dieu a fait de l’homme né de Lui un Signe de Sa Réalité qui est au-delà de ce monde ; l’homme né de Dieu doit savoir qu’il est la Manifestation Essentielle de l’Instant Présent de la Divinité, il est la réverbération, le rayonnement de Dieu ! « Celui qui m’a vu a vu le Père », dit Jésus. Et depuis que Dieu S’est fait homme, nous avons la preuve incontestable que l’homme né de Dieu est bel et bien devenu sur terre et pour l’éternité, l’image vivante du Christ-Dieu, son rayonnement et sa gloire comme l’Ecriture le confirme : «l'homme est l’image et la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 11, 7)
Ce que nous vivons actuellement dans la durée de la création, à nos yeux et de notre propre point de vue, c’est ce processus de divinisation. Nous le vivons, nous le ressentons, nous l’éprouvons et nous nous acheminons vers la réalisation de ce que nous sommes réellement en Dieu. Nous vivons donc actuellement QUELQUE CHOSE D'INOUÏ qui, pour Dieu, dans son regard englobant, est de l’ordre du Présent éternel, pour Lui c’est déjà fait, c’est accompli : « vous Êtes des dieux » ! (Jean 10, 34-35 & Ps 86, 2)
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