Troisième partie : 1er chapitre
TABLE DES MATIÈRES
L'Antichrist : qui est-il réellement ?
Conception nouvelle de l'Antichrist
L'Antichrist dans l'Apocalypse
Vraie notion scripturaire de l'Antichrist
La "Bête" aux deux cornes
La marque et le nombre de la "Bête"
La femme assise sur la "Bête"
L'ANTICHRIST
n'est pas un individu, mais autre chose d'infiniment différent et d'incommensurablement plus grand !
Ce que l'on a toujours cru et dit de lui jusqu'à présent ne se base pas sur l'Ecriture,
mais repose sur des réflexions purement humaines.
Non seulement il paraît à propos, mais il est absolument nécessaire, de nous faire de l'Antichrist la notion la plus claire, la plus juste, la plus vraie possible. Sinon, il est à craindre que cet Antichrist vienne dans le monde, qu'il soit vu, qu'il soit entendu de tous, que l'on accepte sa loi ou sa doctrine, que l'on s'extasie devant son œuvre prodigieuse, et tout cela sans l'avoir reconnu, sans avoir eu même le moindre soupçon de sa présence.
Parlant des temps où nous sommes, saint Paul dit que ce seront des temps dangereux, où ceux qui auront repoussé la vérité seront châtiés : Dieu les abandonnera aux puissances du mensonge (2 Thess. II, 11). Et Jésus-Christ nous avertit que le danger sera si grand, la séduction si subtile, que si ces jours n'étaient pas abrégés, aucune créature humaine n'échapperait (S. Matthieu XXIV, 22).
Maintenant, serait-il vraisemblable, serait-il croyable, mon ami, que le monde entier pût tomber dans cette embûche, dans cette universelle séduction, s'il eût eu des idées claires, des informations certaines sur l'Antichrist ? Vous paraît-il admissible qu'instruit, vraiment, sur la nature de l'Antichrist, le monde entier pût délibérément se soumettre à son odieuse domination ?
J'affirme, quant à moi, que je ne le comprends pas, que je le considère comme tout à fait inconcevable. Or, les Écritures, positivement, disent qu'aux jours de l'Antichrist la perdition de l'immensité des chrétiens [des chrétiens de nom s'entend, c-à-d les apostats] sera consommée. Le Seigneur est affirmatif. Le monde chrétien [apostat] méritera assurément ce châtiment terrible comme conséquence de sa malice et de son iniquité.
Mais l'une des raisons immédiates de cette perdition proviendra de son ignorance au sujet de cet Antichrist, du manque de notions vraies sur ce mystérieux personnage.
Il serait donc plus qu'opportun, il serait urgent, de s'efforcer d'acquérir ces notions puisque, grâce à elles, nous pourrons le reconnaître en toute certitude, le démasquer, avertir d'autres âmes et les arracher ainsi à la perdition. (S. Jude, v. 23.) Les notions courantes actuelles sur l'Antichrist se trouvent dispersées ça et là parmi les ouvrages des commentateurs de l'Écriture. De savants auteurs ont écrit spécialement sur ce sujet, notamment Thomas Malvenda, Léonard Lesio, Augustin Calmet, et tant d'autres. On trouve concentré chez ces trois auteurs tout ce qui a été dit sur l'Antichrist, et il semble que le sujet soit épuisé.
Voici donc tout ce que l'on a dit sur l'Antichrist :
L'Antichrist est représenté comme un roi très puissant, doublé d'un impudent séducteur, qui courbera sous son pouvoir, avec une prodigieuse habileté, tous les peuples de la terre, exigeant d'eux, entre autres tributs, l'adoration, comme à Dieu même. On assure qu'il doit être d'origine juive. On précise : de la tribu de Dan.
Certains docteurs semblent croire qu'il n'a pas de père naturel, comme le Christ, mais seulement une mère, avec la différence que la mère de l'Antichrist sera la plus impure des femmes. De même que la mère du Christ conçut par l'opération du Saint-Esprit, de même la mère de l'Antichrist concevra par l'œuvre de Satan. D'après eux, c'est très possible.
On dit encore qu'il naîtra à Babylone et que cette ville sera le berceau de sa prodigieuse destinée. C'est là que l'Antichrist se donnera pour le Messie, qu'il commencera à opérer de telles merveilles, que les Juifs de toutes les parties du monde voleront vers lui, se joindront à lui. (Note : Babylone est une ville antique de Mésopotamie située sur l'Euphrate dans ce qui est aujourd'hui l'Irak, à environ 100 km au sud de l'actuelle Bagdad, près de la ville moderne de Hilla. Cette région, anciennement nommée Babylone, n’est plus aujourd’hui qu’un tas de ruine ! On ne verra donc pas cette ville renaître de ses cendres et devenir le berceau de la prodigieuse destinée d'un quelconque Antichrist ! Ben-Ezra a encore raison de nous faire remarquer que toutes ces théories sur l’Antichrist, et bien d’autres, sortent bien de l’imagination des hommes et non de l’Écriture sainte.)
Alors, il passera à la conquête de la Palestine. Les douze tribus, rétablies sur la terre de leurs pères, rebâtiront Jérusalem, qui doit être la capitale de son empire universel. Après Jérusalem, l'Antichrist conquerra facilement le reste de la terre. Ce misérable, ayant soumis la terre entière, ne se déclarera pas satisfait. Il concevra l'idée impie et sacrilège de se faire Dieu, le Dieu unique de toute la terre ; pour aboutir à ce résultat, il abolira l'exercice de toutes les autres religions, notoirement l'exercice du culte chrétien.
Alors, commencera la plus terrible des persécutions contre l'Église du Christ, persécution qui durera trois ans et demi. En ce temps, on reverra Énoch et Elie, réservés par la Providence pour résister à l'Antichrist et endiguer en quelque sorte ce torrent d'iniquités. On s'appuie pour cela sur ce qui est rapporté au chap. XI de l'Apocalypse (nous verrons ailleurs si dans ce passage on parle d'Enoch et d'Elie, ou bien d'autres choses très différentes). Viendra ensuite la mort de l'Antichrist, que certains racontent d'une manière, les autres d'une autre, comme si l'événement s'était déjà accompli. L'Église et le monde entier commenceront alors à respirer. Une paix parfaite succédera, dans la joie universelle.
Dans ce temps, surviendra la conversion des Juifs, selon l'opinion unanime des interprètes catholiques qui ne trouvent, qui ne peuvent trouver, dans leur système, d'autre époque pour placer cet événement si clairement annoncé par l'Écriture. Et alors, disent-ils, s'achèvera la prédication de l'Évangile dans le monde entier, et le Seigneur viendra juger le monde à son heure.
Telle est en abrégé, d'après les meilleurs interprètes,
toute l'histoire du futur Antichrist !
On a là, condensées, toutes les notions que nous avons sur ce grand personnage. Approfondir ces idées nous semblerait pour le moins un travail perdu, vu que presque toutes n'ont d'autre fondement que l'imagination féconde de leurs auteurs. Nous n'en retiendrons que la principale, celle qui peut avoir donné naissance aux autres : la monarchie universelle de l'Antichrist. [Encore une idée non fondée qui ne se trouve pas dans la sainte Écriture, mais sort de l’imagination de ces auteurs]. Ces points sont traités de la façon que l'on vient de voir par la plupart des docteurs qui se sont occupés de l'Antichrist.
Nous ne ferons pas à tant de témoignages dignes, sans contredit, de tout respect, l'injure de les rejeter sans examen. Toutefois, ce sont des témoignages humains.
Mais, comme les choses futures appartiennent à Dieu seul, à sa toute-science, et en aucune façon à l'ingéniosité et à la science de l'homme, personne ne peut raisonnablement se plaindre ou s'étonner qu'en un débat de telle importance nous suspendions momentanément notre jugement, et nous nous sentions obligé de contrôler ces hypothèses par l'Écriture, nous souvenant qu'elle seule constitue l'autorité absolue, l'autorité émanant de Celui qui, seul, a la connaissance parfaite, le Saint-Esprit de Dieu, l'inspirateur de cette Parole.
A propos d'une soi-disant
monarchie universelle de l'Antichrist
Maintenant, de tous ces dires, dont nous ne retiendrons que le principal, de toute leur substance, qui est le répondant ? De quelles archives, publiques ou secrètes, sont sorties ces étonnantes informations ? Certainement pas de l'Écriture. Et pourtant, je le répète, à quelle autre source peut-on puiser de ce qui rapporte à l'avenir ?
Examinons donc ce que nous dit sur ce sujet l'Écriture.
Deux passages sont communément invoqués pour prouver cette monarchie universelle de l'Antichrist.
Le premier de ces passages se trouve au chapitre VII de Daniel, non pas à l'endroit où nous est décrite la quatrième Bête, terrible et étonnante (parce qu'on veut que celle-ci soit l'Empire romain), mais là où il est parlé de l'une des cornes de cette Bête, la plus puissante de toutes et dont on annonce des prodiges.
Mais, après avoir lu et bien pesé tout ce qui est dit de cette terrible corne, pas plus que nous ne trouvons de motif pour douter ou pour admettre que cette corne, ou ce roi, soit un Juif, ou un faux Messie, pas plus nous n'y voyons d'indication que la monarchie de ce roi soit universelle, ou ne le soit pas.
Ce texte est entièrement muet sur ces points. La seule chose que nous trouvons c'est que cette puissance, ce roi, sera supérieur aux autres dix qui, comme lui, sont sur la tête de la Bête [la quatrième], lui servant de cornes, ou d'armes, et qu'il humiliera trois de ces dix rois (on ne dit rien des sept autres), que, plein d'arrogance, il proférera des blasphèmes contre le Très-Haut, et qu'il opprimera les Saints du Très-Haut. Sa présomption sera telle qu'il formera le dessein de changer les temps et la loi, chose pour laquelle il s'accordera un certain délai. Tout cela peut arriver en Asie comme en Afrique, en Europe comme en Amérique, sans qu'il soit nécessaire de faire de ce roi un monarque universel.
Au surplus, quelles preuves donne-t-on que l'Antichrist attendu soit représenté par cette corne qui pousse, croît et augmente en force sur la tète de la Bête, plutôt que par la Bête elle-même ? Mais de ceci nous parlerons plus tard. Le second passage allégué est le chap. XIII de l'Apocalypse. Là, il est bien en effet question de l'Antichrist, sous la métaphore d'une Bête ayant sept têtes et dix cornes. Et l'on dit, ici, que tout pouvoir sera donné à cette Bête sur tous peuples, tribus et langues, et que tous les habitants de la terre l'adoreront.
Je crois fermement tout ce qu'annonce cette prophétie qui, dans son ensemble, me paraît très claire. Mais ce que je vois clairement aussi, ce sont deux équivoques qui appellent une explication.
D'abord, le texte ne dit pas que le pouvoir sur tous peuples, tribus et langues sera donné à un homme déterminé, et c'est ce que l'on voudrait prouver. Il dit seulement que ce pouvoir sera donné [non pas à un personnage ou un quelconque Antichrist, mais] à la Bête dont nous parlons. Or, par tous ses signes, cette Bête est infiniment loin de symboliser un roi, d'être l'identification d'une personne, une tête de monarchie.
Autre équivoque :
Le texte ne dit pas que tous les habitants de la terre adoreront cette Bête d'une adoration formelle, comme Dieu. Il dit simplement qu'ils l'adoreront, lui rendront hommage. Nous n'insisterons pas ici sur ce point. Aussi bien, nous aurons l'occasion d'y revenir à propos de la « Bête » de l'Apocalypse.
En attendant, ce qui démontre encore que nous n'avons pas à nous arrêter à cette monarchie universelle, qui, nous le répétons, ne ressort pas de l'Écriture, c'est ce que nous dit cette même Écriture de la statue aux quatre métaux différents que nous avons examinée dans la première partie de cette étude.
Or, là il est parlé seulement de quatre monarchies, ou célèbres empires, qui doivent se succéder sur la terre ; et, du dernier, il est dit qu'il subsistera au moment de la chute de la pierre, c'est-à-dire jusqu'à la seconde venue du Messie, comme nous l'avons prouvé.
S'il doit donc y avoir un autre empire que ces quatre premiers, et un empire bien plus important, n'est-il pas nécessaire que l’Écriture y fasse allusion ? En effet, un évènement d'une telle importance ne peut être passé sous silence par l’Écriture.
Il est dit, en outre, que la « pierre doit tomber directement sur les pieds de la grande statue, c'est-à-dire sur le quatrième et dernier royaume divisé, comme on sait, en de nombreuses parties [c-à-d en de nombreux pays indépendants comme c’est le cas actuel en Europe.] . Ce quatrième royaume devra donc être existant et dans son entier quand viendra le Seigneur, parce que, s'il en était autrement, la pierre frapperait au hasard, dans le vide, et la prophétie ne pourrait s'accomplir. On notera aussi qu'il est écrit de la pierre qu'elle tombera « au temps de ces rois » [au pluriel], et non pas au temps de ce roi [au singulier]. Ceci est extrêmement important : Daniel II, v. 44. Preuve s’il en est qu’il ne peut pas s’agir d’un monarque universel comme on voudrait nous le faire croire au sujet de l’Antichrist. Et si ce royaume est existant et dans son entier à la venue du Seigneur, où pourra bien régner l'Antichrist ?
On dit encore que tous les rois de la terre, sans pour cela abandonner le pouvoir, se soumettront à sa volonté, qu'ils lui seront assujettis, qu'ils le serviront de tout leur pouvoir. On invoque, pour cela, le chapitre XVII, v. 13, de l'Apocalypse où, parlant des dix rois, il est dit : « Ceux-ci auront un seul et même dessein, et ils mettront leur puissance et leur autorité au service de la Bête [et non pas au service d'un quelconque roi]». Il reste encore à trouver les raisons valables qui seraient la base fondamentale sur laquelle se bâtirait un édifice aussi majestueux qu'une monarchie universelle sur toutes tribus, peuples et langues.
Car, si l'Antichrist, dont nous sommes menacés, n'est pas un individu, mais autre chose d'infiniment différent, et d'incommensurablement plus grand, cette monarchie universelle s'en va en fumée, la future histoire de l'Antichrist devient un mythe. Le fantôme s'évanouit.
Conception nouvelle de l'Antichrist
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