L'ENSEIGNEMENT DES ÉCRITURES RELATIF A LA FIN DES TEMPS (St. Irénée de Lyon)
LA RÉSURRECTION DES JUSTES :
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Etapes progressives dans l'acheminement
des justes vers la vie céleste
Certains, qui passent pour croire avec rectitude, négligent l'ordre suivant lequel devront progresser les justes et méconnaissent le rythme selon lequel ils s'exerceront à l'incorruptibilité. Ils ont ainsi en eux des pensées hérétiques : car les hérétiques, méprisant l'ouvrage modelé par Dieu et n'acceptant pas le salut de leur chair, dédaignant aussi, par ailleurs, la promesse de Dieu et dépassant complètement Dieu par leurs pensées, assurent qu'aussitôt après leur mort ils monteront par-dessus les cieux et pardessus le Créateur lui-même, pour aller vers la « Mère », ou vers le Père faussement imaginé par eux. Ceux donc qui rejettent catégoriquement la résurrection et, autant qu'il dépend d'eux, la suppriment, qu'y a-t-il d'étonnant s'ils ignorent jusqu'à l'ordre selon lequel aura lieu cette résurrection ? Ils ne veulent pas comprendre que, si les choses étaient telles qu'ils le prétendent, le Seigneur lui-même, en qui ils se targuent de croire, n'aurait pas opéré sa résurrection après trois jours, mais, après avoir expiré sur la croix, serait aussitôt remonté dans les hauteurs en abandonnant son corps à la terre.
En fait, trois jours durant, il a séjourné là où étaient les morts, selon ce que le prophète dit de lui : « Le Seigneur s'est souvenu de ses saints morts qui dormaient dans la terre du tombeau, et il est descendu vers eux pour les libérer, pour les sauver. » Le Seigneur lui-même dit de son côté: « De même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson, ainsi le Fils de l'homme sera dans le sein de la terre. » Son Apôtre dit aussi : «Que signifie : "Il est monté", sinon qu'il était descendu dans les régions inférieures de la terre? » David, prophétisant de lui, avait dit de même : « Tu as délivré mon âme des profondeurs de l'enfer. » Et, après être ressuscité le troisième jour, le Seigneur disait à Marie, qui était la première à le voir et qui s'était jetée à ses pieds : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père ; mais va vers mes disciples et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père. »
Si donc le Seigneur lui-même a observé la loi des morts, pour devenir le Premier-né des morts, s'il a séjourné trois jours dans les régions inférieures de la terre, s'il est ensuite ressuscité dans sa chair, de façon à pouvoir montrer à ses disciples jusqu'aux marques des clous, et si après tout cela seulement il est monté vers son Père, comment ne rougissent-ils pas, ceux qui prétendent que les enfers s'identifient avec notre monde et que leur « homme intérieur», laissant ici-bas le corps, doit monter dans le lieu supracéleste ? Puisque le Seigneur « s'en est allé au milieu de l'ombre de la mort», là où étaient les âmes des morts, qu'il est ensuite ressuscité corporellement et qu'après sa résurrection seulement il a été enlevé au ciel, il est clair qu'il en ira également de même pour ses disciples, puisque c'est pour eux que le Seigneur a fait tout cela : leurs âmes iront donc au lieu invisible qui leur est assigné par Dieu et elles y séjourneront jusqu'à la résurrection, attendant cette résurrection ; puis elles recouvreront leurs corps et ressusciteront intégralement, c'est-à-dire corporellement, à la manière même dont le Seigneur est ressuscité, et elles viendront de la sorte en la présence de Dieu : « car il n'y a pas de disciple qui soit au-dessus du Maître, mais tout disciple, une fois devenu parfait, sera comme son Maître». Notre Maître ne s'est pas aussitôt envolé, mais il a d'abord attendu le moment de sa résurrection, qu'avait fixé son Père et qu'avait indiqué l'histoire de Jonas, puis il est ressuscité après trois jours et, ensuite seulement, a été enlevé au ciel : ainsi nous-mêmes, nous devons d'abord attendre le moment de notre résurrection arrêté par Dieu et annoncé par les prophètes, puis, une fois ressuscites, nous serons enlevés au ciel, tous ceux d'entre nous du moins que le Seigneur en aura jugés dignes.
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Le royaume des justes, accomplissement
de la promesse faite par Dieu aux pères
Ainsi donc, certains se laissent induire en erreur par les discours hérétiques, au point de méconnaître les « économies » de Dieu et le mystère de la résurrection des justes et du royaume qui sera le prélude de l'incorruptibilité, royaume par lequel ceux qui en auront été jugés dignes s'accoutumeront peu à peu à saisir Dieu. Aussi est-il nécessaire de déclarer à ce sujet que les justes doivent d'abord, dans ce monde rénové, après être ressuscites à la suite de l'apparition du Seigneur, recevoir l'héritage promis par Dieu aux pères et y régner ; ensuite seulement aura lieu le jugement de tous les hommes. Il est juste, en effet, que, dans ce monde même où ils ont peiné et où ils ont été éprouvés de toutes manières par la patience, ils recueillent le fruit de cette patience ; que, dans le monde où ils ont été mis à mort à cause de leur amour pour Dieu, ils retrouvent la vie ; que, dans le monde où ils ont enduré la servitude, ils règnent. Car Dieu est riche en tous biens, et tout lui appartient. Il convient donc que le monde lui-même, restauré en son état premier, soit, sans plus aucun obstacle, au service des justes. C'est ce que l'Apôtre fait connaître dans son épître aux Romains, lorsqu'il dit : « La création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu : car elle a été assujettie à la vanité, non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a assujettie, avec l'espérance qu'elle aussi serait un jour libérée de l'esclavage de la corruption pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. »
De cette manière, également, la promesse faite jadis par Dieu à Abraham demeure stable. Il lui avait dit, en effet : « Lève les yeux et, du lieu où tu es, regarde vers le nord et vers le midi, vers l'orient et vers la mer : toute la terre que tu vois, je la donnerai à toi et à ta postérité à jamais.» Il lui avait dit encore : «Lève-toi, parcours la terre dans sa longueur et dans sa largeur, car je te la donnerai. »
Pourtant Abraham ne reçut sur terre aucun héritage, pas même un pouce de terrain, mais toujours il y fut « un étranger et un hôte de passage ». Et lorsque mourut Sara, sa femme, comme les Hétéens voulaient lui donner gratuitement un lieu pour l'ensevelir, il ne voulut point l'accepter, mais il acheta un tombeau pour quatre cents didrachmes d'argent à Ephron, fils de Séor, le Hétéen. Il attendait la promesse de Dieu et ne voulait point paraître recevoir des hommes ce que Dieu avait promis de lui donner, en disant : «Je donnerai à ta postérité cette terre, depuis le fleuve d'Egypte jusqu'au grand fleuve, l'Euphrate » ; et il lui avait énuméré les dix nations qui habitaient toute cette contrée. Si donc Dieu lui a promis l'héritage de la terre et s'il ne l'a pas reçu durant tout son séjour ici-bas, il faut qu'il le reçoive avec sa postérité, c'est-à-dire avec ceux qui craignent Dieu et croient en lui, lors de la résurrection des justes. Or sa postérité c'est l'Eglise, qui, par le Seigneur, reçoit la filiation adoptive à l'égard d'Abraham, comme le dit Jean-Baptiste : « Car Dieu peut, à partir des pierres, susciter des fils à Abraham. »
L'Apôtre aussi dit dans son épître aux Galates : « Pour vous, frères, vous êtes, à la manière d'Isaac, les enfants de la promesse. » Il dit encore clairement, dans la même épître, que ceux qui ont cru au Christ reçoivent, par le Christ, la promesse faite à Abraham : « C'est à Abraham que les promesses ont été faites et à sa postérité. On ne dit pas : "et à ses descendants", au pluriel, mais au singulier : "et à sa postérité", laquelle n'est autre que le Christ. » Et, pour confirmer tout cela, il dit encore : « C'est ainsi qu'Abraham crut à Dieu et cela lui fut imputé à justice. Reconnaissez-le donc : ceux qui sont de la foi, ce sont eux les fils d'Abraham. Or, prévoyant que Dieu justifierait les gentils par la foi, l'Écriture annonça d'avance à Abraham cette bonne nouvelle : Toutes les nations seront bénies en toi. Ceux qui sont de la foi sont donc bénis avec Abraham le croyant. » Ainsi donc, ceux qui sont de la foi sont bénis avec Abraham le croyant, et ce sont eux les fils d'Abraham. Or Dieu a promis l'héritage de la terre à Abraham et à sa postérité. Si donc ni Abraham ni sa postérité, c'est-à-dire ceux qui sont justifiés par la foi, ne reçoivent maintenant d'héritage sur terre, ils le recevront lors de la résurrection des justes, car Dieu est véridique et stable en toutes choses. Et c'est pour ce motif que le Seigneur disait : «Bienheureux les doux, parce qu'ils posséderont la terre en héritage'.»
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L'héritage de la terre annoncé par le Christ
et prophétisé par la bénédiction de Jacob et par Isaïe
C'est pourquoi, lorsqu'il vint à sa Passion, pour annoncer à Abraham et à ceux qui étaient avec lui la bonne nouvelle de l'ouverture de cet héritage, après avoir rendu grâces sur la coupe, en avoir bu et l'avoir donnée à ses disciples, il leur dit : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui va être répandu pour un grand nombre en rémission des péchés. Je vous le dis, je ne boirai plus désormais du fruit de cette vigne, jusqu'au jour où j'en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. » Sans aucun doute, c'est dans l'héritage de la terre qu'il le boira, de cette terre que lui-même renouvellera et rétablira dans son état premier pour le service de la gloire des enfants de Dieu, selon ce que dit David : « Il renouvellera la face de la terre. » En promettant d'y boire du fruit de la vigne avec ses disciples, il a fait connaître ces deux choses : l'héritage de la terre, en lequel sera bu le fruit nouveau de la vigne, et la résurrection corporelle de ses disciples. Car la chair qui ressuscitera dans une condition nouvelle est aussi celle-là même qui aura part à la coupe nouvelle. Ce n'est pas, en effet, alors qu'il serait dans un lieu supérieur et supracéleste avec ses disciples, que le Seigneur peut être conçu comme buvant du fruit de la vigne ; et ce ne sont pas davantage des êtres dépourvus de chair qui pourraient en boire, car la boisson tirée de la vigne a trait à la chair, non à l'esprit.
C'est pourquoi le Seigneur disait : « Lorsque tu donnes un dîner ou un souper, n'invite pas des riches, ni des amis, des voisins et des parents, de peur qu'eux aussi ne t'invitent à leur tour et qu'ils ne te le rendent ; mais invite des estropiés, des aveugles, des pauvres, et heureux seras-tu de ce qu'ils n'ont pas de quoi te rendre, car cela te sera rendu lors de la résurrection des justes. » Il dit encore : « Quiconque aura quitté champs, ou maisons, ou parents, ou frères, ou enfants à cause de moi, recevra le centuple en ce siècle et héritera de la vie éternelle dans le siècle à venir. » Quel est en effet le centuple que l'on recevra en ce siècle, et quels sont les dîners et les soupers qui auront été donnés aux pauvres et qui seront rendus ? Ce sont ceux qui auront lieu au temps du royaume, c'est-à-dire en ce septième jour qui a été sanctifié et en lequel Dieu s'est reposé de toutes les œuvres qu'il avait faites : vrai sabbat des justes, en lequel ceux-ci, sans plus avoir à faire aucun travail pénible, auront devant eux une table préparée par Dieu et regorgeant de tous les mets.
C'est le contenu même de cette bénédiction dont Isaac bénit Jacob, son fils cadet, en lui disant : « Voici que l'odeur de mon fils est comme l'odeur d'un champ rempli de blé qu'a béni le Seigneur.» Or le champ, c'est le monde. Aussi Isaac ajouta-t-il : « Que Dieu te donne, de la rosée du ciel et de la graisse de la terre, abondance de blé et de vin ! Que les nations te servent, et que les princes se prosternent devant toi ! Sois le seigneur de ton frère, et que les fils de ton père se prosternent devant toi ! Maudit soit qui te maudira, et béni soit qui te bénira!» Si l'on n'entend pas cela des temps du royaume dont nous venons de parler, on tombera dans des contradictions et des difficultés considérables, celles-là mêmes où les Juifs tombent et se débattent.
Car non seulement, durant son séjour sur terre, Jacob ne vit pas les nations le servir, mais, à peine reçue la bénédiction, ce fut lui qui partit servir son oncle Laban le Syrien durant vingt ans. Et non seulement il ne devint pas le seigneur de son frère, mais ce fut lui qui se prosterna devant Isaïe, quand il revint de Mésopotamie vers son père, et qui lui offrit quantité de présents. Et l'abondance du blé et du vin, comment les reçut-il ici-bas en héritage, lui qui, à la suite d'une famine survenue dans le pays qu'il habitait, émigra en Egypte, pour y devenir sujet de Pharaon qui régnait alors en Egypte? La bénédiction dont nous venons de parler se rapporte donc sans conteste aux temps du royaume : alors régneront les justes, après être ressuscites d'entre les morts et avoir été, du fait de cette résurrection même, comblés d'honneur par Dieu ; alors aussi la création, libérée et renouvelée, produira en abondance toute espèce de nourriture, grâce à la rosée du ciel et à la graisse de la terre.
C'est ce que les presbytres qui ont vu Jean, le disciple du Seigneur, se souviennent avoir entendu de lui, lorsqu'il évoquait l'enseignement du Seigneur relatif à ces temps-là. Voici donc ces paroles du Seigneur : « Il viendra des jours où des vignes croîtront, qui auront chacune dix mille ceps, et sur chaque cep dix mille branches, et sur chaque branche dix mille bourgeons, et sur chaque bourgeon dix mille grappes, et sur chaque grappe dix mille grains, et chaque grain pressé donnera vingt-cinq cuves de vin. Et lorsque l'un des saints cueillera une grappe, une autre grappe lui criera : Je suis meilleure, cueille-moi et, par moi, bénis le Seigneur ! De même le grain de blé produira dix mille épis, chaque épi aura dix mille grains et chaque grain donnera cinq tonnes de belle farine ; et il en sera de même, toute proportion gardée, pour les autres fruits, pour les semences et pour l'herbe. Et tous les animaux, usant de cette nourriture qu'ils recevront de la terre, vivront en paix et en harmonie les uns avec les autres et seront pleinement soumis aux hommes. » Voilà ce que Papias, auditeur de Jean, familier de Polycarpe, homme vénérable, atteste par écrit dans le quatrième de ses livres — car il existe cinq livres composés par lui —. Il ajoute : « Tout cela est croyable pour ceux qui ont la foi. Car, poursuit-il, comme Judas le traître demeurait incrédule et demandait : Comment Dieu pourra-t-il créer de tels fruits ? — le Seigneur lui répondit : Ceux-là le verront, qui vivront jusqu'alors. »
Tels sont donc les temps que prophétisait Isaïe, lorsqu'il disait : « Le loup paîtra avec l'agneau, le léopard reposera avec le chevreau ; le veau, le taureau et le lion paîtront ensemble, et un petit enfant les conduira. Le bœuf et l'ours paîtront ensemble, et leurs petits seront ensemble ; le lion comme le bœuf mangera de la paille. L'enfant en bas âge mettra sa main dans le trou de la vipère et dans le gîte des petits de la vipère, et ils ne feront pas de mal et ils ne pourront plus faire périr personne sur ma montagne sainte. » Reprenant les mêmes traits, il dit encore ailleurs : « Alors loups et agneaux paîtront ensemble; le lion, comme le bœuf, mangera de la paille, et le serpent mangera de la terre en guise de pain, et ils ne feront ni mal ni dommage sur ma montagne sainte, dit le Seigneur. »
Certains, je ne l'ignore pas, tentent d'appliquer ces textes de façon métaphorique à ces hommes sauvages qui, issus de diverses nations et ayant eu toute espèce de comportements, ont embrassé la foi et, depuis qu'ils ont cru, vivent en bonne entente avec les justes. Mais, même si cela a lieu dès à présent pour des hommes issus de toutes sortes de nations et venus à une même disposition de foi, cela n'en aura pas moins lieu pour ces animaux lors de la résurrection des justes, ainsi que nous l'avons dit ; car Dieu est riche en toutes choses, et il faut que, lorsque le monde aura été rétabli dans son état premier, toutes les bêtes sauvages obéissent à l'homme et lui soient soumises et qu'elles reviennent à la première nourriture donnée par Dieu, à la manière dont elles étaient soumises à Adam avant sa désobéissance et dont elles mangeaient les fruits de la terre. Ce n'est d'ailleurs pas le moment de prouver que le lion se nourrira de paille; mais ce trait indique bien la grandeur et l'opulence des fruits : car, si une bête telle que le lion doit se nourrir de paille, quel ne sera pas le blé dont la simple paille suffira à nourrir des lions !
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Israël rétabli dans sa terre,
afin d'avoir part aux biens du Seigneur
Isaïe lui-même annonce clairement qu'une joie de cette sorte aura lieu à la résurrection des justes, lorsqu'il dit : «Les morts ressusciteront, ceux qui sont dans les tombeaux se lèveront et ceux qui sont dans la terre se réjouiront, car la rosée qui vient de toi est pour eux une guérison» Ezéchiel dit de même : «Voici que je vais ouvrir vos tombeaux, et je vous ferai sortir de vos tombeaux, et je vous introduirai dans la terre d'Israël. Et vous saurez que je suis le Seigneur, quand j'ouvrirai vos tombeaux, quand je ferai sortir des tombeaux mon peuple. Je mettrai mon Esprit en vous, et vous vivrez, et je vous établirai sur votre terre, et vous saurez que je suis le Seigneur. » Le même prophète dit encore : «Voici ce que dit le Seigneur : Je rassemblerai Israël d'entre toutes les nations parmi lesquelles ils ont été dispersés, et je me sanctifierai en eux aux yeux des peuples des nations, et ils habiteront sur leur terre, que j'ai donnée à mon serviteur Jacob. Ils y habiteront en sécurité ; ils bâtiront des maisons et planteront des vignes ; ils habiteront en sécurité, quand j'exercerai un jugement sur tous ceux qui les auront méprisés, sur ceux de leurs alentours, et ils sauront que je suis le Seigneur, leur Dieu et le Dieu de leurs pères. » Or nous avons montré un peu plus haut que c'est l'Eglise qui est la postérité d'Abraham. Et c'est pourquoi, afin que nous sachions que tout cela se réalisera dans la Nouvelle Alliance, qui, de toutes les nations, rassemble ceux qui sont sauvés, suscitant ainsi à partir des pierres des fils à Abraham, Jérémie dit : « C'est pourquoi voici que des jours viennent, dit le Seigneur, où l'on ne dira plus : "Le Seigneur est vivant, lui qui a ramené les fils d'Israël de l'Egypte", mais: "Le Seigneur est vivant, lui qui a ramené les fils d'Israël du pays du septentrion et de toutes les contrées où ils avaient été chassés, et qui va les rétablir sur leur terre, celle qu'il avait donnée à leurs pères»
Que toute créature doive, selon la volonté de Dieu, croître et parvenir à la plénitude de sa stature, pour produire et faire mûrir de tels fruits, c'est ce que dit Isaïe : « Sur toute haute montagne et sur toute colline élevée il y aura des cours d'eau, en ce jour où beaucoup périront et où les tours tomberont. La lumière de la lune sera comme la lumière du soleil, et la lumière du soleil sera septuplée, le jour où le Seigneur portera remède à la ruine de son peuple et guérira la douleur de ta plaie.» La «douleur de la plaie», c'est celle de cette plaie dont fut frappé l'homme à l'origine, lorsqu'il désobéit en Adam ; cette plaie, qui est la mort, Dieu la guérira en nous ressuscitant d'entre les morts et en nous établissant dans l'héritage des pères, selon ce que contient la bénédiction de Japhet : « Que Dieu donne de l'espace à Japhet, et qu'il habite dans les demeures de Sem. » Isaïe dit encore : « Tu mettras ta confiance dans le Seigneur, et il t'introduira dans les biens de la terre, et il te nourrira de l'héritage de Jacob ton père. »
C'est ce que dit aussi le Seigneur : « Heureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera veillant ! En vérité, je vous le dis, il se ceindra, les fera mettre à table et, passant devant eux, les servira. S'il arrive à la veille du soir et qu'il les trouve ainsi, heureux sont-ils, car il les fera mettre à table et les servira; et si c'est à la deuxième ou à la troisième veille qu'il arrive, heureux sont-ils. » C'est cela même que Jean dit aussi dans l'Apocalypse : « Heureux et saint celui qui a part à la première résurrection ! » Isaïe a également indiqué le moment où auront lieu ces événements : « Et je dis : Jusque à quand, Seigneur? Jusqu'à ce que les villes soient dépeuplées, faute d'habitants, ainsi que les maisons, faute d'hommes, et que la terre soit laissée déserte. Après cela le Seigneur éloignera les hommes, et ceux qui auront été laissés se multiplieront sur la terre. » Daniel dit de même : « Le règne, la puissance et la grandeur des rois qui sont sous le ciel ont été donnés aux saints du Très-Haut ; son règne est un règne éternel, et tous les empires le serviront et lui obéiront. » Et pour qu'on ne s'imagine pas que cette promesse concerne l'époque présente, il fut dit au prophète : « Pour toi, viens et tiens-toi dans ton héritage lors de la consommation des jours.»
Que ces promesses s'adressent non seulement aux prophètes et aux pères, mais aux Eglises rassemblées d'entre les gentils — à ces Églises auxquelles l'Esprit donne le nom d'«îles» parce qu'elles se trouvent placées au milieu du tumulte, qu'elles subissent la tempête des blasphèmes, qu'elles sont un port de salut pour ceux qui sont en péril et un refuge pour ceux qui aiment la vérité et s'efforcent de fuir l'abîme de l'erreur —, c'est ce que Jérémie dit en ces termes : « Nations, écoutez la parole du Seigneur et annoncez-la dans les îles lointaines; dites : "Celui qui a dispersé Israël le rassemblera et le gardera comme un berger son troupeau ; car le Seigneur a racheté Jacob, il l'a délivré de la main d'un plus fort que lui". Ils viendront et se réjouiront sur la montagne de Sion ; ils viendront vers les biens du Seigneur, vers une terre de blé, de vin et de fruits, de bœufs et de brebis ; leur âme sera comme un arbre fertile, et ils n'auront plus faim désormais. Alors les jeunes filles se réjouiront dans l'assemblée des jeunes gens, et les vieillards se réjouiront ; je changerai leur deuil en joie, je les réjouirai. Je fortifierai et j'enivrerai l'âme des prêtres, fils de Lévi, et mon peuple se rassasiera de mes biens. » Les lévites et les prêtres, nous l'avons montré dans le livre précédent, ce sont tous les disciples du Seigneur, qui, eux aussi, « enfreignent le sabbat dans le Temple et ne sont pas coupables». De telles promesses signifient donc, de toute évidence, le festin que fournira cette création dans le royaume des justes et que Dieu a promis d'y servir.
5
Jérusalem glorieusement rebâtie
Isaïe dit encore au sujet de Jérusalem et de Celui qui y régnera : « Voici ce que dit le Seigneur : Heureux celui qui a une postérité dans Sion et une parenté dans Jérusalem ! Voici qu'un Roi juste régnera, et les princes gouverneront avec droiture. » Et à propos des préparatifs de sa reconstruction il dit : « Voici que je te prépare pour pierres de l'escarboucle et pour fondements du saphir ; je ferai tes créneaux de jaspe, tes portes de cristal et ton enceinte de pierres précieuses ; tous tes fils seront enseignés par le Seigneur, tes enfants seront dans une grande paix, et tu seras édifiée dans la justice. » Le même prophète dit encore : « Voici que je crée Jérusalem pour l'allégresse, et mon peuple pour la joie. Je serai dans l'allégresse au sujet de Jérusalem, et dans la joie au sujet de mon peuple. On n'y entendra plus désormais le bruit des lamentations ni le bruit des clameurs ; il n'y aura plus là d'homme frappé d'une mort prématurée, ni de vieillard qui n'accomplisse pas son temps : car le jeune homme aura cent ans, et le pécheur qui mourra aura cent ans et sera maudit. Ils bâtiront des maisons et eux-mêmes les habiteront ; ils planteront des vignes et eux-mêmes en mangeront les fruits. Ils ne bâtiront pas pour que d'autres habitent; ils ne planteront pas pour que d'autres mangent. Car les jours de mon peuple seront comme les jours de l'arbre de vie : ils useront les ouvrages de leurs mains.»
Si certains essaient d'entendre de telles prophéties dans un sens allégorique, ils ne parviendront même pas à tomber d'accord entre eux sur tous les points. D'ailleurs, ils seront convaincus d'erreur par les textes eux-mêmes, qui disent : « Lorsque les villes des nations seront dépeuplées, faute d'habitants, ainsi que les maisons, faute d'hommes, et lorsque la terre sera laissée déserte... » « Car voici, dit Isaïe, que le Jour du Seigneur vient, porteur de mort, plein de fureur et de colère, pour réduire la terre en désert et en exterminer les pécheurs. » Il dit encore : « Que l'impie soit enlevé, pour ne point voir la gloire du Seigneur ! » «Et après» que « cela » aura eu lieu, « Dieu, dit-il, éloignera les hommes, et ceux qui auront été laissés se multiplieront sur la terre. » « Ils bâtiront des maisons et eux-mêmes les habiteront; ils planteront des vignes et eux-mêmes en mangeront. »
Toutes les prophéties de ce genre se rapportent sans conteste à la résurrection des justes, qui aura lieu après l'avènement de l'Antéchrist et l'anéantissement des nations soumises à son autorité : alors les justes régneront sur la terre, croissant à la suite de l'apparition du Seigneur ; ils s'accoutumeront, grâce à lui, à saisir la gloire du Père et, dans ce royaume, ils accéderont au commerce des saints anges ainsi qu'à la communion et à l'union avec les réalités spirituelles. Et tous ceux que le Seigneur trouvera en leur chair, l'attendant des cieux après avoir enduré la tribulation et avoir échappé aux mains de l'Impie, ce sont ceux dont le prophète a dit : « Et ceux qui auront été laissés se multiplieront sur la terre. » Ces derniers sont aussi tous ceux d'entre les païens que Dieu préparera d'avance pour que, après avoir été laissés, ils se multiplient sur la terre, soient gouvernés par les saints et servent à Jérusalem.
Plus clairement encore, au sujet de Jérusalem et du royaume qui y sera établi, le prophète Jérémie a déclaré : « Regarde vers l'Orient, ô Jérusalem, et vois la joie qui te vient de la part de Dieu. Voici qu'ils viennent, tes fils que tu avais congédiés, ils viennent, rassemblés de l'Orient à l'Occident par la parole du Saint, se réjouissant de la gloire de Dieu. Quitte, Jérusalem, la robe de ton deuil et de ton affliction, et revêts pour toujours la parure de la gloire venant de ton Dieu. Enveloppe-toi du manteau de la justice venant de Dieu ; mets sur ta tête le diadème de la gloire éternelle. Car Dieu montrera ta splendeur à toute la terre qui est sous le ciel. Car ton nom te sera donné par Dieu pour jamais : "Paix de la justice" et "Gloire de la piété". Lève-toi, Jérusalem, tiens-toi sur la hauteur, et regarde vers l'Orient ; et vois tes fils rassemblés du couchant au levant par la parole du Saint, se réjouissant de ce que Dieu s'est souvenu d'eux. Ils t'avaient quittée à pied, emmenés par les ennemis ; Dieu te les ramène portés avec honneur, comme un trône royal. Car Dieu a ordonné de s'abaisser à toute montagne élevée et aux collines éternelles, et aux vallées de se combler pour aplanir la terre, afin qu'Israël marche en sécurité sous la gloire de Dieu. Les forêts et tous les arbres odoriférants ont prêté leur ombre à Israël par ordre de Dieu. Car Dieu conduira Israël avec joie à la lumière de sa gloire, avec la miséricorde et la justice qui viennent de lui-même. » Ces événements ne sauraient se situer dans les lieux supracélestes — « car Dieu, vient de dire le prophète, montrera ta splendeur à toute la terre qui est sous le ciel » —, mais ils se produiront aux temps du royaume, lorsque la terre aura été renouvelée par le Christ et que Jérusalem aura été rebâtie sur le modèle de la Jérusalem d'en haut.
6
Après le royaume des justes :
la Jérusalem d'en haut et le royaume du Père
C'est au sujet de celle-ci que le prophète Isaïe a dit : « Voici que sur mes mains j'ai peint tes murs, et tu es sans cesse devant mes yeux. » L'Apôtre dit pareillement aux Galates : « Mais la Jérusalem d'en haut est libre, et c'est elle qui est notre Mère » : il ne dit pas cela de l'Enthymésis d'un Eon égaré, ni d'une Puissance séparée du Plérôme et dénommée Prounikos, mais de la Jérusalem peinte sur les mains de Dieu.
C'est aussi cette dernière que, dans l'Apocalypse, Jean a vue descendre sur la terre nouvelle. Car, après les temps du royaume, «je vis, dit-il, un grand trône blanc et Celui qui y était assis ; de devant sa face le ciel et la terre s'enfuirent, et il ne se trouva plus de place pour eux. » Il décrit alors en détail la résurrection et le jugement universels : «Je vis, dit-il, les morts, les grands et les petits. Car la mort rendit les morts qui se trouvaient en elle; la mort et l'enfer rendirent ceux qui étaient en eux. Des livres furent ouverts. On ouvrit aussi le livre de vie, et les morts furent jugés, d'après ce qui était écrit dans ces livres, selon leurs œuvres. Puis la mort et l'enfer furent jetés dans l'étang de feu : cet étang de feu, c'est la seconde mort. » C'est ce qu'on appelle la Géhenne, dite aussi « feu éternel » par le Seigneur. « Et quiconque, dit Jean, ne fut pas trouvé inscrit dans le livre de vie fut jeté dans l'étang de feu. » Il dit ensuite : « Et je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle ; car le premier ciel et la première terre s'en étaient allés, et la mer n'était plus. Et je vis la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, descendre du ciel, d'auprès de Dieu, apprêtée comme une fiancée parée pour son époux. Et j'entendis une grande voix, sortant du trône, qui disait : "Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes : il habitera avec eux, et ils seront ses peuples ; Dieu lui-même sera avec eux et sera leur Dieu. Et il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses s'en sont allées".» Isaïe l'avait déjà dit : «Ce sera le ciel nouveau et la terre nouvelle ; on ne se souviendra plus des premières choses et elles ne reviendront plus à l'esprit ; mais on trouvera joie et allégresse dans cette terre nouvelle. » C'est ce que dit l'Apôtre : « Car elle passe, la figure de ce monde. » Et le Seigneur dit pareillement : « Le ciel et la terre passeront. » Quand donc ces choses auront passé, nous dit Jean, le disciple du Seigneur, sur la terre nouvelle descendra la Jérusalem d'en haut, telle une fiancée parée pour son époux, et c'est elle qui sera le tabernacle de Dieu, en lequel Dieu habitera avec les hommes. C'est de cette Jérusalem-là que sera l'image la Jérusalem de la première terre, où les justes s'exerceront à l'incorruptibilité et se prépareront au salut, comme c'est aussi de ce tabernacle-là que Moïse a reçu le modèle sur la montagne.
Et rien de tout cela ne peut s'entendre allégoriquement, mais au contraire tout est ferme, vrai, possédant une existence authentique, réalisé par Dieu pour la jouissance des hommes justes. Car, de même qu'est réellement Dieu Celui qui ressuscitera l'homme, c'est réellement aussi que l'homme ressuscitera d'entre les morts, et non allégoriquement, ainsi que nous l'avons abondamment montré. Et de même qu'il ressuscitera réellement, c'est réellement aussi qu'il s'exercera à l'incorruptibilité, qu'il croîtra et qu'il parviendra à la plénitude de sa vigueur aux temps du royaume, jusqu'à devenir capable de saisir la gloire du Père. Puis, quand toutes choses auront été renouvelées, c'est réellement qu'il habitera la cité de Dieu. Car, dit Jean, « Celui qui était assis sur le trône dit : Voici que je fais toutes choses nouvelles. Et il ajouta : Ecris, car ces paroles sont sûres et véridiques. Et il me dit : C'est fait ! »
Rien de plus juste, car, puisque réels sont les hommes, réel doit être aussi le transfert qui les affectera, étant toutefois admis qu'ils ne s'en iront pas au néant, mais progresseront au contraire dans l'être. Car ni la substance ni la matière de la création ne seront anéanties — véridique et stable est Celui qui l'a établie —, mais « la figure de ce monde passera», c'est-à-dire les choses en lesquelles la transgression a eu lieu : car l'homme a vieilli en elles. Voilà pourquoi cette « figure » a été créée temporelle, Dieu sachant d'avance toutes choses, comme nous l'avons montré dans le livre précédent, là où nous avons expliqué dans la mesure du possible le pourquoi de la création d'un monde temporel. Mais lorsque cette « figure » aura passé, que l'homme aura été renouvelé, qu'il sera mûr pour l'incorruptibilité au point de ne plus pouvoir vieillir, « ce sera alors le ciel nouveau et la terre nouvelle », en lesquels l'homme nouveau demeurera, conversant avec Dieu d'une manière toujours nouvelle. Que cela doive durer toujours et sans fin, Isaïe le dit en ces termes : « Comme le ciel nouveau et la terre nouvelle que je vais créer subsisteront devant moi, dit le Seigneur, ainsi subsisteront votre postérité et votre nom. »
Et, comme le disent les presbytres, c'est alors que ceux qui auront été jugés dignes du séjour du ciel y pénétreront, tandis que d'autres jouiront des délices du paradis, et que d'autres encore posséderont la splendeur de la cité ; mais partout Dieu sera vu, dans la mesure où ceux qui le verront en seront dignes. Telle sera la différence d'habitation entre ceux qui auront produit cent pour un, soixante pour un, trente pour un : les premiers seront enlevés aux cieux, les seconds séjourneront dans le paradis, les troisièmes habiteront la cité : c'est la raison pour laquelle le Seigneur a dit qu'il y avait de nombreuses demeures chez son Père. Car tout appartient à Dieu, qui procure à chacun l'habitation qui lui convient : comme le dit son Verbe, le Père partage à tous selon que chacun en est ou en sera digne. C'est là la salle du festin en laquelle prendront place et se régaleront les invités aux noces.
Tels sont, au dire des presbytres, disciples des apôtres, l'ordre et le rythme que suivront ceux qui sont sauvés, ainsi que les degrés par lesquels ils progresseront : par l'Esprit ils monteront au Fils, puis par le Fils ils monteront au Père, lorsque le Fils cédera son œuvre au Père, selon ce qui a été dit par l'Apôtre : « Il faut qu'il règne, jusqu'à ce que Dieu ait mis tous ses ennemis sous ses pieds : le dernier ennemi qui sera anéanti, c'est la mort. » Aux temps du royaume, en effet, l'homme, vivant en juste sur la terre, oubliera de mourir. « Mais, poursuit l'Apôtre, lorsque l'Écriture dit que tout lui a été soumis, il est clair que c'est en exceptant Celui qui lui a soumis toutes choses. Et quand toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même sera soumis à Celui qui lui aura soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous. »
7
Conclusion
Ainsi donc, de façon précise, Jean a vu par avance la première résurrection, qui est celle des justes, et l'héritage de la terre qui doit se réaliser dans le royaume ; de leur côté, en plein accord avec Jean, les prophètes avaient déjà prophétisé sur cette résurrection. C'est exactement cela que le Seigneur a enseigné lui aussi, quand il a promis de boire le mélange nouveau de la coupe avec ses disciples dans le royaume, et encore lorsqu'il a dit : « Des jours viennent où les morts qui sont dans les tombeaux entendront la voix du Fils de l'homme, et ils ressusciteront, ceux qui auront fait le bien pour une résurrection de vie, et ceux qui auront fait le mal pour une résurrection de jugement» : il dit par là que ceux qui auront fait le bien ressusciteront les premiers pour aller vers le repos, et qu'ensuite ressusciteront ceux qui doivent être jugés. C'est ce qu'on trouve déjà dans le livre de la Genèse, d'après lequel la consommation de ce siècle aura lieu le sixième jour, c'est-à-dire la six millième année; puis ce sera le septième jour, jour du repos, au sujet duquel David dit : « C'est là mon repos, les justes y entreront » : ce septième jour est le septième millénaire, celui du royaume des justes, dans lequel ils s'exerceront à l'incorruptibilité, après qu'aura été renouvelée la création pour ceux qui auront été gardés dans ce but. C'est ce que confesse l'apôtre Paul, lorsqu'il dit que la création sera libérée de l'esclavage de la corruption pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu.
Et en tout cela et à travers tout cela apparaît un seul et même Dieu Père : c'est lui qui a modelé l'homme et promis aux pères l'héritage de la terre ; c'est lui qui le donnera lors de la résurrection des justes et réalisera ses promesses dans le royaume de son Fils ; c'est lui enfin qui accordera, selon sa paternité, ces biens que l'œil n'a pas vus, que l'oreille n'a pas entendus et qui ne sont pas montés au cœur de l'homme. Il n'y a en effet qu'un seul Fils, qui a accompli la volonté du Père, et qu'un seul genre humain, en lequel s'accomplissent les mystères de Dieu. Ces mystères, «les anges aspirent à les contempler», mais ils ne peuvent scruter la Sagesse de Dieu, par l'action de laquelle l'ouvrage par lui modelé est rendu conforme et concorporel au Fils : car Dieu a voulu que sa Progéniture, le Verbe premier-né, descende vers la créature, c'est-à-dire vers l'ouvrage modelé, et soit saisie par elle, et que la créature à son tour saisisse le Verbe et monte vers lui, dépassant ainsi les anges et devenant à l'image et à la ressemblance de Dieu.
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